jeudi 31 janvier 2013

Partie 5 (Journal d'Eloïse)

Vendredi 09/10. 19 : 56.

Il m’attendait, ce matin, à l’école. Il était à la place où je lui ai dit bonjour le premier jour. Le coin de la cour. Je l’ai rejoint et je me suis assise par terre, à côté de lui. Il n’a rien dit. Il regardait un point de la cour, fixement. J’ai suivi son regard, et j’ai enragé. Il regardait Anaïs. Grande, blonde, des yeux bleu foncé et des robes courtes à fleurs. Je ne peux pas dire qu’elle est moche. En plus, elle est gentille. Elle n’a aucun défaut, c’est ça le pire : je ne peux l’accuser de rien.
« Elle s’appelle comment ? »
C’est Mathis qui m’a tiré de mes pensées. J’ai répondu, l’air de rien.
« De qui tu parle ?
Tu le sais très bien. Tu la regardes comme moi depuis cinq minutes.
Oh, elle… Gertrude. Elle s’appelle Gertrude.
Je sais, c’est honteux, mais je n’ai pas pu m’empêcher. C’était trop tentant.
« Éloïse… Je sais très bien qu’elle ne s’appelle pas comme ça. Tu es jalouse, on dirait…
Quoi ? N’importe quoi ! Je ne suis pas jalouse du tout ! Vas-y, va lui demander, je m’en fous ! Demande lui de sortir avec toi, tant que tu y es !
Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu es…
Mathis. Arrête, c’est bon. T’es dans une nouvelle école, t’es heureux, tant mieux pour toi. Vas-y, je te dis.
Mais non ! Je lui veux rien, à cette fille ! Je… C’est… En fait… »
Il n’a pas essayé de finir sa phrase, la cloche de notre école – on l’appelle la vielle mamie – a sonné. J’ai eu une heure de Français, puis l’heure de Latin est arrivée. On s’est assis à côté, malgré notre petite dispute. Le prof était de très mauvaise humeur, alors on n’a pas essayé de se parler, Mathis et moi. Il m’a passé un petit papier roulé en boule. Je l’ai ouvert.
« Pourquoi tu as réagi comme ça ? Je ne lui voulais rien du tout, à cette fille… Je connais même pas son nom ! »
Je ne savais pas trop quoi répondre. Lui dire la vérité ? Oui, c’est ce que j’ai fait. « En fait, je crois que je t’aime bien… »
Je lui ai glissé le message dans la main, puis je me suis plongée dans mes exercices. Je l’observais du coin de l’œil pendant qu’il a lu le papier. Il a eu l’air étonné. J’ai eu peur. Le mot a atterri juste devant mon nez, plié en quatre. Je l’ai ouvert et mon cœur a fait « youppie/ au secours ».
« Ben moi aussi... je pense que je t'aime. »

J'ai levé la tête. On est restés là, comme ça, les yeux dans les yeux, pendant un petit moment. Puis on a éclaté de rire ; on ne pouvait plus s'arrêter !

Ah, la vie !

...

J'aime Mathis !





FIN

mardi 29 janvier 2013

Partie 4 (Journal d'Eloïse)




Jeudi 08/10. 08 : 28.

Je m’en veux. Je suis trop nulle. J’ai gâché une des seules amitiés que j’ai eues. Je suis maladroite, bête et impulsive.
En plus, comment il a pu rentrer chez lui, si c’est sa mère qui devait le ramener vers six heures ? Il a dû l’attendre, tout seul, dehors.
Oh, je me sens trop coupable !
Je suis licenciée en première heure aujourd’hui. Le prof n’est pas là. Je dois être à l’école à neuf heures vingt.
J’irai lui demander pardon. Si j’ose…
Je suis trop nulle.
Nulle, nulle, nulle, complètement nulle. Eloïse, tu es nulle !

lundi 28 janvier 2013

Chapitre 7 (Le voleur)

Chapitre 7


Je suis dans une roulotte. Encore une. Canon raconte son histoire à sa tante. Moi, je ne sais pas quoi dire. Alors j'écoute.
« Je suppose que les voleurs qui ont cambriolé la maison de mes parents, c'était des membres de la Bande. Et ils m'ont enlevé. Une personne de plus dans leur clan, ça ne pouvait pas faire de mal. Ce sont eux qui m'ont élevé. Depuis tout bébé.
  • Oh, mon Nelson chéri ! Comme je suis contente de te voir ! Tu sais, je n'ai pas d'enfants. Je suis célibataire, et je me sens seule dans ma grande maison. Je t'élèverai comme mon fils.
  • Euh... Oui.
  • Et toi, jeune garçon. Comment en es-tu arrivé là ? Pourquoi faisais-tu partie de la... la...
  • La Bande, Madame. Je n'en faisais pas partie. Et je n'en fais toujours pas partie.
  • Ah. Mais...
  • La Bande est dirigée par un horrible chef. Il décide de tout et ne fait rien, il entraine les membres de son clan dans des aventures trop dangereuses. Quand nous avons été capturés, il n'a pas levé un seul doigt pour nous aider ! »

dimanche 27 janvier 2013

Partie 3 (Journal d'Eloïse)


Mercredi 07/10. 14 : 22.

Je ne sais plus qui je suis, ni ce que je veux. Pourquoi je veux absolument découvrir la raison pour laquelle il a changé d’école ? Pourquoi j’hésite avant de me mettre devant ?

Aujourd’hui, je ne lui ai pas parlé. C’est lui qui m’a parlé ! Youpie !
« Salut. Désolé de t’avoir chassée, hier. Je…
  • Non, c’est rien. Je ne te parlerai plus de… ton changement d’école.
  • Ah, mais… D’accord. Merci. Je suis pas encore prêt.
  • Hmhm. »
En sortant de l’école, je lui ai demandé si il voulait venir chez moi. Il a accepté, si sa mère l’emmenait.
Donc il vient à trois heures, cet après midi. C’est drôle comme on devient vite amis. Peut-être parce qu’on était tous les deux seuls… Il arrive dans environ une demi-heure !


15 : 09.

Il est venu, comme prévu. Bah, oui, hein ! Il allait pas ne pas venir, quand même.
Il n’a pas sonné, il a toqué. Bizarre, parce qu’on a une sonnette. J’avais un peu le trac. Le premier garçon (à part mes cousins) qui vient à la maison ! J’ai été lui ouvrir.
« Salut.
  • Salut.
  • Euh, ben entre.
  • Oui, oui. C’est grand chez toi.
  • Non, pas tellement. Tu trouves ?
  • Non, en fait… Je disais ça comme ça.
  • Bon ben viens, on monte dans ma chambre.
  • Tes parents ne sont pas là ?
  • Non. Ils ne savent même pas que je t’ai invité. Ils sont au travail. Ils sont tous les deux infirmiers. »
Tout d’un coup, j’ai voulu qu’il parte vite, pour être seule et pleurer, pleurer, pleurer, pleurer. Elle me manque. Mais je suis entrain de raconter mon après-midi.
On est montés dans ma chambre. Elle n’est pas immense, mais il y a assez de place pour deux.
« Tu… On ne se connaît pas bien, hein ?
  • C’est vrai. Tu veux que je me présente ?
  • Oui, mais c’est moi qui pose les questions !
  • Euh… Je t’en pose à toi aussi, alors.
  • Ton nom complet, c’est quoi ?
  • Eloïse Amandine Dimé. Et toi ?
  • Mathis Pascal Tocozza. Euh… Tu as quel âge ?
  • 11 ans. Toi aussi ?
  • Oui. Tu as des frères et sœurs ? »
J’ai pas pu m’empêcher. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, de mon cœur. J’étais gênée, mais je ne pouvais plus m’arrêter.
« Pourquoi tu pleures ?
  • Pour… – hoquet – …pour rien… Rien du tout ! Tais-toi !
  • Oh, pardon, Mademoiselle-à-qui-on-ne-peut-rien-dire ! Je m’en vais, puisque c’est comme ça ! Adieu ! »
Non… Pourquoi je lui ai parlé comme ça ? Il n’y est pour rien, quand même. Je voudrais qu’elle soit là. Si elle était là, rien de tout ça ne serait arrivé.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

jeudi 24 janvier 2013

Chapitre 6 (Le voleur)

Bonne lecture !

Chapitre 6


J'ai dû m'endormir. Oh, pas longtemps, mais assez pour ne plus me souvenir d'où je suis quand j'ouvre les yeux. Je me souvient m'être de nouveau disputé avec Canon avant de dormir. Je lui ai envoyé un coup de poing, je crois. Je ne sais plus.
Je dois avoir raison, car il est blotti dans un petit coin, à l'autre bout de la pièce. Il pleure, je pense. Ce n'est pas important. Autant le laisser pleurer, c'est même tout à fait normal. On va mourir. Ou être exilés à vie. Super programme !
Donc voilà, Il est roulé en boule, loin de moi, je le laisse tranquille. Vaut mieux qu'il pleure toutes ses larmes pour avoir un minimum de dignité au moment du procès. Je ne supporterais pas d'avoir un pleurnichard à côté de moi pendant un moment important de ma vie ! Ou de ma mort, faut voir.

mercredi 23 janvier 2013

Quatre soeurs


"Quatre soeurs", de Malika Ferdjoukh.

En réalité, les quatre soeurs ne sont pas quatre, mais cinq. C'est juste qu'il y a quatre livre, et chacun porte le nom d'une soeur (il y a donc une soeur qui n'a pas de livre à son nom). D'où le nom.
Les cinq habitantes de la Vill'Hervé survivent tant bien que mal depuis la mort de leurs parents.
Toutes sous la garde de Charlie, 22 ans, une jeune adulte qui s'occupe de travailler comme-ci comme-ça, de réparer la maison et de faire la cuisine.
En dessous d'elle il y a Geneviève, 16 ans, gentille et douce, elle aide bien Charlie aux tâches ménagères et elle a un secret : au lieu de faire du baby-sitting, elle va à son cour de boxe thaïe, à l'insu de ses soeurs.
Bettina, 13 ans, en pleine crise d'adolescence, elle passe son temps dans la salle de bain, avec ses copines ou devant la télé. Elle adore embêter...
Hortense, 11 ans, évadée et rêveuse, elle écrit tous les évènement et toutes ses pensées dans un carnet intime.
Enid, la plus jeune, 9 ans, une petite filles pleine d'énergie, de questions et de pourquoi, de soif d'aventure et de rigolade.

Toute cette petite famille réunie dans une seule maison, ça peut faire des étincelles !

Superbe livre. La vie quotidienne de cinq soeurs complice, racontée avec plein d'humour. On se reconnait forcément dans une des soeurs, que l'on soit garçon ou fille.

Fort comme Ulysse

"Fort comme Ulysse", de Sylvaine Jaoui.


Eliot, un jeune garçon de douze ans, a une maladie aux yeux. De jour en jour, sa vue baisse. Il sait que bientôt, il sera aveugle. Mais il va à l'école comme tout le monde, il apprend comme tout le monde. A quelques petits détails près. Il doit imprimer ses cour en écriture énorme pour pouvoir lire. Il doit toujours se mettre au premier rang. Et les gens ont peur, ou se moquent de lui. Sa mère, ultrasensible et son père, Monsieur-j'ai-la-solution-à-tout, voilà son entourage. Des parents, trop protecteurs. Pour se sortir de ce calvaire, il va prendre exemple sur Ulysse, héros de l'Odyssée, fort et brave.
Mais... Cela suffira-t-il pour séduire la belle Espérance ?

Petit livre, pas très connu. Mais attention, ça ne veut pas dire qu'il est moins bien ! C'est un roman comme la vie, on n'a pas pitié du héros, mais on est avec lui, on veut qu'il réussisse !

Partie 2 (Journal d'Eloïse)


21 : 54.

Liza m’a accueillie gentiment, comme d’habitude. Elle est parfaitement ponctuelle, c’est pas possible. Elle ne serait en retard pour rien au monde.
Je me suis assise sur le pouf habituel, le rouge. Elle s’est assise en face de moi, de l’autre côté de la table. Comme d’habitude. Elle est trop précise, ponctuelle et répétitive. Je trouve qu’elle ne fait pas beaucoup d’efforts pour me mettre à l’aise, dans ses gestes. Mais ses paroles rattrapent le coup.
Donc voilà, on a commencé à parler. Ou plutôt, c’est elle qui a commencé.
« Bonjour, Eloïse. Alors, comment tu vas aujourd’hui ?
  • Pas mal, ça va, pas trop mal.
  • Tu es sûre ?
  • Oui, oui… Enfin…
  • Quelque chose te tracasse ?
  • Oui, enfin non, je ne sais pas…
  • Tu ne sais pas ?
  • Il y a un nouveau garçon qui est arrivé à l’école.
  • Un nouveau garçon ?
  • Oui. Depuis hier. Enfin, vendredi.
  • Hm. Et alors ?
  • Ben, je lui ai parlé. Mais il est bizarre…
  • Bizarre ?
  • Oui.
  • Comment ça ?
  • Ben il ne parle pas beaucoup, il est souvent dans ses pensées…
  • Et c’est bizarre ?
  • Euh, oui. Je trouve. Je me demande pourquoi il a changé d’école comme ça, au début de l’année…
  • Tu lui as demandé ?
  • Non. Il est intimidant. J’ose pas trop.
  • Demande lui avant ton prochain rendez-vous avec moi, d’accord ?
  • Euh…
  • C’est ta mission. Tu as une semaine, ça te va ?
  • Ben… D’accord… Mais…
  • Eloïse, je suis désolée, mais j’ai un autre patient après toi. On se revoit la semaine prochaine ? Allez, au revoir.
  • Hmm… »
J’ai rangé le pouf dans un coin puis je suis partie. Elle m’énerve, des fois, Liza. Elle est trop ponctuelle, et elle ne parle presque pas : elle pose des questions, elle répète ce que je dis. À chaque fois, la plus longue phrase qu’elle sort, c’est la dernière, pour me chasser. Sympathique, hein ?
Bon allez, je dois dormir. À demain, Jim.


Mardi 06/10. 19 : 37.

Coucou Jim. Je suis allée à l’école. Je n’étais pas en retard. Dis moi bravo !
Bon voilà, je suis entrée en classe en même temps que les autres. Je me suis assise devant, après une petite hésitation. J’ai hésité à me mettre à l’arrière. C’est dingue comme ce garçon me change. Avant, je n’hésitais jamais. Je me mettais toujours devant. Pour me faire remarquer…
Bon, les cours, les profs, la routine, quoi ! Et puis la récréation. Je la redoutais un peu… Il y avait ma mission à accomplir. Lui demander pourquoi il avait changé d’école, comme ça, subitement. Je me suis approchée de lui. Je voulais que ce soit lui qui engage la conversation, cette fois. Aucun de nous deux ne parlait. On avait l’air malins. J’ai eu l’impression qu’il avait peur. Peur de quoi ? Peur de qui ? De moi ? Non…
J’ai fini par, moi, parler en première…
« Pourquoi… euh… pourquoi tu as…
  • Euh, pourquoi j’ai quoi ?
  • Pourquoi tu as… euh… En cours de Latin, pourquoi tu parlais pas ?
  • Ah. Oh, pour rien. J’avais rien à dire. »
Je ne le croyais pas. Mais je ne savais pas comment lui faire cracher le morceau. Je tournais autour du pot… J’aime bien ces expressions.
« Mais… euh… Pourquoi tu… Pourquoi t’es nouveau ?
  • Ben… Parce que… Parce que je suis arrivé il y a pas très longtemps…
  • Oui, mais… Pourquoi t’as changé d’école, je veux dire.
  • Ah, ça. Pour rien. C’est pas tes affaires !
  • Pardon… je, euh… Désolée, pardon… Je m’en vais. »
J’avais réussi à poser la question, mais il ne m’avait pas répondu. Je suis partie, déçue et triste. Pourquoi chaque fois que je lui parle, après je suis triste ?
Dis moi pourquoi, Jim.

mardi 22 janvier 2013

Partie 1 (Journal d'Eloïse)

Voici la suite du "Journal de Mathis". Elle est racontée par une autre personne. Eloïse.
Bonne lecture !

Journal d’Eloïse
(Suite du Journal de Mathis)


Vendredi 02/10. 18 : 06.

La directrice ne nous avait pas prévenus ! Un nouveau est arrivé dans l’école aujourd’hui. Enfin, je vais te raconter ma journée dans l’ordre.
Je suis arrivée en retard. Ces temps-ci, j’arrive souvent en retard. Je ne fais pas exprès, pourtant. Donc, voilà, je suis arrivée dans la classe après les autres. Je déteste ce moment, parce que tous les élèves me regardent quand j’entre. Ils ne me regardent pas méchamment, mais je n’aime pas.
La prof de maths m’a un peu grondée, puis j’ai été m’asseoir à la place qui restait. Les cours se ont passés normalement, c’est à dire qu’ils étaient ennuyeux.
Puis, il a été temps d’aller en récréation. C’est là que je l’ai vu. Le nouveau. Les autres n’avaient pas l’air étonnés. Ils avaient dû le voir le matin. Moi pas. Il était là, assis par terre, dans ses pensées. Il observait je en sais quoi, mais je m’en fichais. Je pense que je lui ai fait peur en lui posant une question débile.
« Tu es nouveau ici, non ? »
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