Bonne lecture !
Journal
d’Eloïse
(Suite du Journal de Mathis)
Vendredi 02/10. 18 : 06.
La directrice ne nous avait pas prévenus !
Un nouveau est arrivé dans l’école aujourd’hui. Enfin, je vais
te raconter ma journée dans l’ordre.
Je suis arrivée en retard. Ces temps-ci,
j’arrive souvent en retard. Je ne fais pas exprès, pourtant. Donc,
voilà, je suis arrivée dans la classe après les autres. Je déteste
ce moment, parce que tous les élèves me regardent quand j’entre.
Ils ne me regardent pas méchamment, mais je n’aime pas.
La prof de maths m’a un peu grondée,
puis j’ai été m’asseoir à la place qui restait. Les cours se
ont passés normalement, c’est à dire qu’ils étaient ennuyeux.
Puis, il a été temps d’aller en
récréation. C’est là que je l’ai vu. Le nouveau. Les autres
n’avaient pas l’air étonnés. Ils avaient dû le voir le matin.
Moi pas. Il était là, assis par terre, dans ses pensées. Il
observait je en sais quoi, mais je m’en fichais. Je pense que je
lui ai fait peur en lui posant une question débile.
Je me sentais gourde, bête et moche.
Pourtant, ça ne m’arrive presque jamais. Je me suis sentie gênée
de l’avoir tiré de ses pensées. Il m’a répondu d’une petite
voix.
« Oui… Oui je suis nouveau.
- Tu t’appelles comment ?
- Mathis.
- Tu ne me demandes pas comment je m’appelle ?
- Euh… Si, si. Comment tu t’appelles ?
- Eloïse ! »
Ma voix était fausse, et mon rire nerveux.
Il n’a pas eu l’air de le remarquer… Je n’avais pas voulu le
mettre mal à l’aise en lui posant cette question… Elle était
sortie toute seule. Si il ne me demandait pas comment je m’appelle,
c’est qu’il ne voulait peut-être pas le savoir.
Il m’a souri poliment. Pas de fossettes
sur ses joues « café-au-lait ». Ça n’était pas un
vrai sourire, un sourire franc. Ça m’a rendue triste, alors je
suis partie. Je l’ai laissé là, tout seul, assis en tailleur sur
le bitume.
Je n’ai pas vraiment de copines. Il y a
bien un groupe de filles avec lesquelles je reste parfois, à la
récré, mais ce ne sont pas des copines. Encore moins des amies. Je
suis trop bizarre pour elles. Pour tout le monde, d’ailleurs.
Alors, quand j’ai laissé Mathis, je me
suis retrouvée seule. Pour ne pas en avoir l’air, j’ai marché
dans la cour en faisant semblant de chercher quelqu’un. J’étais
sûrement ridicule.
Je suis comme ça, moi. Ridicule, bizarre,
extravagante, étrange, évadée… Certains disent même que je suis
fantastique. Mais dans le sens « sorcière, créature
bizarre ».
Bon, je m’égare. J’étais en train de
raconter ma journée. Quand la récréation s’est terminée, tout
le monde est retourné en cours. Normal. Moi, en cours de Latin.
L’option principale que j’ai choisie. Et, tiens, tiens, Mathis
était là. Miracle, coïncidence, ironie du sort, ou tout ce qu’on
veut… Mails il était là. Il attendait devant la porte du local de
Latin. Tous les autres discutaient, riaient ou mangeaient quelque
chose en cachette. Lui, il était debout, ses cours contre son
ventre. Il avait l’air perdu, complètement perdu. Le pauvre. J’ai
eu pitié de lui, sur le moment.
Nous sommes entrés. Enfin, les autres sont
entrés. Moi, mes jambes ne voulaient plus avancer. Elles avaient
oublié comment on fait. J’attendais qu’il entre, je pense. Je
voulais m’asseoir à côté de lui, sans le savoir. Mais je ne
faisais pas exprès !
Il s’est enfin décidé à rentrer avant
moi. Je l’ai suivi. Il s’est assis dans le fond. Je crois qu’il
ne voulait pas se faire remarquer. C’est pas comme moi ! Je me
suis assise à côté de lui. J’étais complètement timbrée.
M’asseoir à côté d’un gars que je ne connais pas ! Il m’a
regardé seulement une fois, quand ma gomme est tombée à côté de
sa chaise. Il a regardé la gomme, m’a regardée, puis il a ramassé
la gomme. Ce gars est vraiment bizarre…
Je me demande pourquoi il a changé
d’école, comme ça, en début d’année… Je lui demanderai, un
jour.
Enfin, j’essayerai…
Au revoir, Jim.
Lundi 05/10. 17 : 14.
Je ne t’ai pas écrit du week-end, Jim…
Désolée. Je préfère te raconter ce que j’ai fait pendant la
journée, et comme le week-end, je ne fais rien…
Bon, bref. Aujourd’hui Mathis était
encore là. Evidemment. Heureusement qu’il ne change pas d’école
tous les jours ! Le pauvre. Je me demande encore ce qui a pu le
faire changer d’école. Je n’ai pas osé lui demander. Par
contre, je lui ai parlé. Ce n’est pas lui qui a engagé la
conversation. C’est moi. Je fais tout le travail, dis donc !
« Euh… Salut.
- Bonjour. C’est toi qui es venue me voir, hier ?
- Oui, oui, c’est moi. Tu es en Latin, non ?
- Oui. »
La conversation s’est arrêtée là. Je
me sentais débile, mais débile ! Je suis la reine des
questions à réponses évidentes. Ben oui, il est en Latin, je l’ai
vu. Je me suis même assise à côté de lui. Alors pourquoi j’ai
posé cette question ?! Il me prend sûrement pour une folle ou
une amnésique, maintenant…
Bon je te laisse, je dois aller chez ma
psy. Je n’ai pas envie d’y aller.
J'aime bien l'humour discret qu'apporte le personnage d'Eloïse, et le regard qu'elle porte sur Mathis.
RépondreSupprimerA demain pour la suite ^^
A demain !
SupprimerJe voulais continuer l'histoire de Mathis, mais avec un autre regard. Je ne voulais pas recommencer avec Mathis, ni répéter son histoire sous le regard d'Eloïse. Alors j'ai fait la suite, mais racontée par Eloïse.