Bonjour à tous (veuillez m'excuser pour la désertion de mon blog ces derniers... 6 mois !)
Je vais désormais essayer de, malgré mon travail scolaire, écrire plus souvent. Voici un échantillon de mon travail de français. Faire une anthologie d'un poète francophone du 20ème siècle. J'ai choisi Paul Eluard, et son poème "La courbe de tes yeux". Dites moi ce que vous en pensez, si vous faites (ou avez fait) des choses similaires dans votre cours de français. Bonne lecture !
La Courbe de tes yeux
Feuilles de jour et mousse
de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée
d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Paul ELUARD, Capitale de la douleur, (1926)
STOP ! Prenez une minute pour vous demander simplement : "Qu'ai-je ressenti en lisant ce poème ?" Dites moi votre avis en commentaire !
Versification
Mesure : décasyllabes
sauf vers : 1-3-4 (alexandrins) et 2 (octosyllabe)
Rythme : pas
d’enjambement
Rimes :
·
espèce :
mmmmm/ffffm/fffmm
·
richesse :
pauvres : 4-5/8-9/11-12 et suffisantes : 1-2/6-7
·
disposition :
aabcc/ddeea/ ???b? à rimes plates avec quelques exceptions
Modernité
·
Abandon
du vers au profit de formes plus libres.
·
Influence
des arts voisins.
·
Reconnaissance
de la valeur polysémique des mots ???
·
Intégration
des forces de l’inconscient dans le flux du langage ???
Analyse
Eluard a écrit ce poème au
moment où il était encore marié avec Gala, elle était sa muse, c’est donc à
elle qu’il le dédie.
Tout le poème est basé sur
une métonymie. On décrit la femme à travers une seule partie de son
corps : ses yeux. C’est un genre appelé « blason » (décrire une
partie du corps de la femme en l’admirant et la vantant), qui était très à la
mode au XVIème siècle. Mais qui le redevenait au XXème
siècle.
Tout le poème
parle de courbes et de ronds. Champ lexical : « courbe »,
« tour », « rond », « auréole »,
« berceau », « ailes », « couvée »… On a en
plus une assonance en « ou » dans tout le poème, qui fait penser au
mot « courbe » (déjà présent dans le titre).
è COURBES
Le premier et
le dernier vers sont liés par un chiasme :
« La
courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Et tout mon sang coule dans leurs regards. »
Eluard
annonce quelque chose au début, et c’est comme s’il le démontrait tout au long
du poème pour conclure par son idée de départ.
Il y a aussi
de nombreuses répétitions comme « jour »,
« parfumés/parfums », « le monde », « dépend ».
Cela donne l’idée de quelque chose qui recommence, comme un cercle.
è CERCLE
On peut
trouver un champ lexical de la divinité : « auréole »,
« ailes », « lumière », « ciel »,
« astres ? », « innocence », « pur ». Eluard
compare la femme à une déesse, il la met sur un piédestal, ce qui rappelle la
poésie courtoise.
Dans toute la
deuxième strophe et le début de la troisième, les yeux sont comparés à la
nature, et beaucoup d’associations inattendues sont faites entre les mots. Il lie
des impressions (douceur, parfumées, bruits, couleurs, parfums, lumière) et des
éléments de la nature. Cela crée une surprise.
On pressent
qu’Eluard veut montrer la femme comme la créatrice et la protectrice du monde
par les termes : « Ailes couvrant le monde de lumière », « Bateaux chargés du ciel et de la mer » et
« sources des couleurs ». Et cette impression est confirmée par le
vers 14 : « Le monde entier dépend de tes yeux purs ».
è
FEMME DIVINE,
CREATRICE
Le poète
lui-même dépend aussi de la femme, et Eluard le dit par les termes :
« La
courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Et tout mon
sang coule dans leurs regards. »
Il associe sa
vie (son cœur, son sang) avec les yeux (la femme).
« Et si
je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. »
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. »
C’est comme
si le poète disait que toute la vie qu’il a passé avant d’être avec la femme
n’avait pas existé, ou du moins il ne s’en souvient plus.
è POETE DEPEND DE LA FEMME
Premier vers :
rimes, mesure pas très uniforme. Toute la strophe est une phrase.
Deuxième vers :
rimes et associations de mots inattendues (hypallage ?) à effet de surprise. Virgule
à chaque fin de vers, tous des décasyllabes, il y a du rythme, ça s’accélère,
on pense un peu à une énumération. Peut-être une énumération des qualités de la
femme ?
Troisième vers :
presque aucune ponctuation, tout glisse, pas de rimes (?).
Les deuxièmes et troisièmes
strophes ne sont qu’une seule phrase, entrecoupée de virgules. C’est comme si
pleins d’idées se bousculaient dans la tête du poète, comme si il y avait mille
et une choses auxquelles comparer les yeux de la femme. Cette phrase rapide et
rythmée se termine par l’annonciation du fait que le poète dépend de la femme,
et conclut par un vers parallèle au premier.
Que pensez-vous de cette analyse ? Par quoi concluriez-vous ?
super
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