mardi 22 janvier 2013

Chapitre 5 (Le voleur)


Chapitre 5


Trop tard. Je suis pris. J’ai essayé de m’enfuir, mais je n’ai pas réussi. Galeux, Pisteuse et Lefeu ont couru assez vite. Bouboule aussi. Il n’y a que Canon et moi qui avons été fait prisonniers. Je suis les mains derrière le dos. Un flic me tient, il me tord les bras. Je ne vois pas Canon, il doit être plus loin, aussi tenu par un policier.
Je ne sais pas quoi faire. Me débattre ne servirait à rien. Je suis mort… Mort, mort, mort.
Je suis dans une calèche assez miteuse. Tenu par un flic qui me serre trop fort. En face de moi, le policier qui tient Canon. Je ne tente rien, je n’essaie rien. De toutes façons, ça ne marcherait pas.
J'ai un peu peur, quand même, dans cette calèche inconnue. Et en plus, avec des flics ! Comment je vais m'en sortir ? Hein ? Comment ?
Un choc secoue tous les passagers. Nous sommes arrivés. Aïe, aïe, aïe !
Deux policiers me prennent par les épaules, deux autres empoignent Canon. Et ils nous font sortir de la calèche, toujours en nous tenant, et pas très gentiment.
Je suppose que l'on va passer au tribunal. Bon, au moins, ça a le mérite d'être sérieux. Pour des pros comme nous ! Et qu'est-ce qu'on va avoir comme peine ? Être pendus ? Fusillés ? La prison ? J'ai de plus en plus peur...
Un des flics nous explique ce qui va nous arriver.
« Vous passerez devant les juges. En fonction du crime que vous avez commis, vous serez punis. »
Je meure d'envie de poser une question. Quelles peines y a-t-il ? Mais je ne peux pas. Je ne peux pas poser de question. Je suis inférieur, ici. Soumis. Je dois me faire tout petit, écouter ce que l'on me dit et obéir. C'est tout.
Et dire que chez moi je me prenais pour le plus fort. Celui que personne ne voyait, qui pouvait dérober ce qui lui plait, quand cela lui plait et où cela lui plait. C'est du passé. Maintenant, je vais sûrement bientôt mourir.
Pourquoi ? Pourquoi je devrais mourir ? Pourquoi moi ? Ce n'est pas ma faute si mes parents m'ont abandonné. Ce n'est pas ma faute si la grand-mère qui me gardait est morte. Ce n'est pas ma faute si je suis obligé de voler pour vivre.
Bon, je n'aurais peut-être pas dû m'engager dans ce maudit cambriolage. C'est quand même un peu ma faute, si tout ça m'arrive.


Nous arrivons dans un long couloir, d'oû s'échappe une odeur horrible. Pire que la ruelle pour ma ruse. Dégoûtant. C'est le couloir des prisons. Ici, pleins d'hommes attendent leur sort, ou sont déjà entrain d'essuyer leur peine.
Les flics nous jettent dans une petite pièce, Canon et moi. Nous voilà de nouveau seuls. Canon reste plusieurs minutes sans parler. Je ne sais pas si je dois engager la conversation ou le laisser dans son coin. Je n'ai rien besoin de faire.
« La Bande va venir nous chercher, me dit-il.
  • Oh, ta Bande à la noix, tu peux te la mettre où je pense !
  • Mais si ! J'en suis sûr ! Ils vont nous aider. »
Il veut s'en assurer lui-même. Moi, je suis réaliste. Je sais qu'ils ne viendront pas. Ce sont les juges qui viendront nous chercher. On est foutus.
Foutus.
« Ils... Ils vont venir ! Ils vont venir. »
Je ne lui réponds pas. Cela vaut mieux, il verra que je ne l'écoute pas et il arrêtera. C'est un gamin, un vrai gamin. Il croit encore aux contes de fées. Pendant le trajet vers la maison à cambrioler, il semblait pourtant plus mature... C'est la peur qui lui fait croire n'importe quoi.
Oh, j'en ai marre. Je n'aurais pas dû naître, ça aurait arrangé tout le monde. Mes parents. Tous les commerçants que j'ai volé. Peut-être même la vieille qui m'a élevé. Elle en a peut-être eu marre de me garder, au bout d'un moment. Mais elle n'a pas osé m'abandonner. Je suis en trop. Un poids mort.
Lourd.




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