Chapitre 7
Je suis dans une roulotte. Encore une. Canon raconte son
histoire à sa tante. Moi, je ne sais pas quoi dire. Alors j'écoute.
« Je suppose que les voleurs qui ont cambriolé la
maison de mes parents, c'était des membres de la Bande. Et ils m'ont
enlevé. Une personne de plus dans leur clan, ça ne pouvait pas
faire de mal. Ce sont eux qui m'ont élevé. Depuis tout bébé.
- Oh, mon Nelson chéri ! Comme je suis contente de te voir ! Tu sais, je n'ai pas d'enfants. Je suis célibataire, et je me sens seule dans ma grande maison. Je t'élèverai comme mon fils.
- Euh... Oui.
- Et toi, jeune garçon. Comment en es-tu arrivé là ? Pourquoi faisais-tu partie de la... la...
- La Bande, Madame. Je n'en faisais pas partie. Et je n'en fais toujours pas partie.
- Ah. Mais...
Tandis que je dis ça, je vois Canon qui se fait tout
petit dans son siège. Il sait que j'avais raison. Il a honte d'avoir
pleurniché dans la prison.
Sa tante fait une drôle de tête. Entre surprise et
indignée. Elle ne dit rien. Elle nous regarde, Canon et moi.
« Je veux que pour le restant de votre vie, vous soyez
traités comme des rois. Je veux que personne ne vous traite encore
comme cela. Mes pauvres chéris ! »
Je regarde Canon. Il a l'air ravi. Moi un peu moins. Bah
! Je m'habituerai.
* * *
La roulotte s'arrête. La tante réveille Canon. Il
s'était endormi dans son siège. Après toutes ses émotions, il en
avait bien besoin.
Elle ouvre la porte et nous fait entrer, puis referme
derrière elle. Il fait sombre ! Elle allume une bougie, et s'en sert
pour allumer toutes les lampes de la pièce.
« Bienvenue dans ma modeste demeure ! »
Sa modeste demeure est immense ! C'est un vrai palace.
On dirait que c'est elle, la reine.
Je vais vous faire à manger, pendant ce temps allez
vous laver et explorer la maison. Vous pouvez faire ce qui vous plait
!
J'ai envie de lui sauter au cou. Je ne bouge pas. C'est
magnifique ! Canon a déjà disparu.
« Euh... garçon... Tu n'as pas de nom ?
- Non.
- Mais... Pas du tout ?
- Mes parents ne m'en ont pas donné avant de m'abandonner. Et la vieille mère qui me gardait m'appelait « mon trésor ». Je n'ai jamais eu de nom.
- Jamais ! Mais c'est horrible ! Tu ne peux pas vivre comme ça. Je vais t'en donner un. Tu t'appelleras...
- Euh... Je n'ai pas...
- Scott ! Ton nom sera Scott. Aller, va te laver, Scott. »
Je suis sidéré. De quel droit elle me donne un nom,
celle-là ? Elle se croit tout permis ! Elle ne me donnera pas de
nom. Je préfère rester sans nom que de m'appeler Scott !
Elle ne s'occupe plus de moi. Elle est devant ses
fourneaux. Je la déteste.
Je vais me laver, je n'ai pas le choix. Je monte les
escaliers, et découvre une salle de bain... extraordinaire. Tout
brille. Tous est blanc, éclatant. Elle a une baignoire à pieds ! Et
ça sent tellement bon.
Après avoir poussé la porte, je me déshabille.
Bizarre que Canon ne se soit pas précipité pour être le premier.
Soudain, Canon entre dans la pièce alors que je suis
tout nu ! Juste au moment où je me demandais d'où pouvait bien
venir l'eau.
Canon, justement une bouilloire pleine d'eau à la main,
se tient devant moi, un peu gêné. Il fait finalement semblant de ne
rien voir, s'approche de la baignoire et y verse l'eau brûlante. Je
ramasse vite un grand morceau morceau de tissu par terre, et je me
cache derrière.
Je comprend qu'il voulait en fait prendre son bain en
premier, et qu'il était allé chercher de l'eau.
Alors que je commence à me rhabiller, il me demande de
rester près de lui. Il ne veut pas rester seul.
J'attends qu'il entre dans l'eau, puis je demande :
« Tu veux qu'on discute ?
- Oui. Je me sens un peu perturbé par cette grande maison chic. D'habitude, quand j'étais à l'intérieur, c'était pour voler...
- Ben, euh, oui. Moi aussi. La vieille dame qui m'a élevé quand j'étais petit n'était pas très riche.
- Tu... La dame, enfin je veux dire ma tante, t'as donné un nom ?
- Oui. Je préfère oublier ce nom ridicule. Et toi, t'appeler Nelson Parkner, ça ne te dérange pas ?
- Oh, non. Je préfère ça que « Canon ». Même si j'y suis plus habitué, c'est un nom que m'a donné la Bande. Et je ne veux plus jamais retourner dans la Bande.
- Alors tu vas rester tout le temps ici ?
- Bah, oui. Tu voudrais que je fasse quoi d'autre ? Tu... Tu ne comptes pas partir, quand même ? Tu ne peux pas me laisser ! »
Il s'est brusquement assit dans la baignoire. Il a l'air
surprit. Il vient de réaliser que j'allais le laisser seul avec sa
tante. Le pauvre, il me fait pitié.
« Je ne pouvais quand même pas rester ici jusqu'à la
fin de ma vie. J'ai une maison, tu sais. J'étais indépendant avant
d'aller en prison avec toi. Et je le suis toujours.
- Alors... Alors tu vas partir...
- Oui.
- Moi, je n'ai pas eu de chance. Je suis presque né dans la Bande. Je crois que j'avais trois ans quand ils m'on enlevé. J'étais totalement dépendant d'eux. Coincé. Toi, tu as été trouvé par quelqu'un. Mais il est mort, et tu as été libre. Tu as trouvé une maison. Tu as réussi ta vie, quoi !
- Si on veut. Et je voudrais rester dans cette situation. Donc... Je vais partir. Oui.
- Bon. Je ne vais pas t'en empêcher.
- Non. »
On reste quelques minutes sans parler. Finalement, il
sort du bain devenu tiède et me le laisse.
J'entre dedans. Oh ! Ça doit faire un éternité que je
ne me suis pas lavé.
Pfiouu !
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