L’excitation des deux adolescents était à
son comble. Ils allaient faire un voyage en bateau ! Voilà déjà qu’ils ne
distinguaient presque plus l’île. Leur île. L’île où ils avaient grandi, appris
à vivre, et surtout, l’île où ils s’étaient rencontrés. Et dire que jusqu’ici,
Nil ignorait qu’il vivait sur une île !
En regardant au loin, il eut un pincement
au cœur. Il venait de quitter sa mère adoptive... Mia... Oh, il ne doutait pas
qu’elle était entre de bonnes mains : John l’avait invitée chez elle, pour une
durée indéterminée - toute la vie ? Mais quand même, Nil quittait Mia une fois
de plus, et ce non sans regrets...
Elena, quant à elle, pensait surtout au
voyage qui s’annonçait, à l’aventure... Elle n’avait jamais vu autant d’eau de
sa vie. Son élément. Sa Spécialité. Son Don.
Elle lâcha les épaules de Nil et s’éloigna.
Elle fit quelques pas sur le pont du bateau, savourant le fait de pouvoir à
nouveau marcher. Elle remercia mentalement le chaman de son village pour ses
soins. Mais en pensant à cela, elle se rappela le regard que le chef lui avait
lancé pendant un instant. De la haine. Pure et dure. Penser à cela lui fit mal
au cœur, et elle chassa bien vite ces souvenirs.
–
Alors, La
Clélie vous plaît, les enfants ? Demanda Hovan.
–
Tu... Tu as donné le nom de ta mère à ton navire
? S’étonna Nil. - Oui. Il vous plaît ?
–
Beaucoup, s’écria Elena. Il est magnifique.
–
Vous n’avez pas le mal de mer ?
–
Moi non, répondit Nil. Mais Roy a déjà vomi
!
–
Oh, venez, allons le mette dans ma cabine. J’en
profiterai pour vous parler de quelque chose.
–
Tu verras ! Le petit groupe s’installa sur la
couchette d’Hovan, Nil caressant son ami youm. Le jeune capitaine resta debout
et fit les cents pas dans la ptite pièce. Les mouvements du bateau ne le
dérangeaient pas du tout. Il réfléchissait par où commencer.
Puis il se lança.
–
Les enfants, avez-vous une idée de notre
destination ?
–
Non. Je suppose que l’on va à la ville la plus
proche, non ?
–
Pas vraiment. En fait... En fait, nous allons
chez ma tante. Qui est aussi la tienne, Nil. C’est la soeur de notre père. Elle
s’appelle Yolanda.
Nil et Elena se regardèrent, interloqués.
Mais ils ne dirent rien, laissant continuer Hovan.
Bon, vous ne comprenez sûrement pas, je
vais vous expliquer. Quand ma mère est morte, lors d’une tempête, mon père
s’est juré de ne plus être capitaine de sa vie. Nous avons alors accosté sur la
première île venue, mon père me laissant dans une famille d’accueil. Il voulait
refaire sa vie. La recommencer. Il voulait oublier sa femme morte, son fils,
les bateaux et la mer. Il s’est enfoncé dans la forêt et je ne l’ai plus revu.
Jusqu’à ce jour, le dix avril, où il est venu me chercher précipitamment dans
ma famille d’accueil. Il ne semblait pas m’avoir oublié. Alors, il est monté
avec moi dans le premier bateau pour aller voir sa sœur, Yolanda. Il voulait se
réfugier chez elle. Celle-ci l’a accueilli à bras ouverts, et elle nous a logés
pendant deux années. Parfois, je les entendais, elle et mon père, parler à voix
basse, le soir. Mais je ne posais pas de
questions. Puis, l’année de mes neuf ans, mon père m’a annoncé qu’il partait,
pour une expédition de plusieurs années. Il ne m’a pas dit pourquoi, mais j’ai
deviné plus tard qu’il essayait encore de refaire sa vie - il m’abandonnait une
nouvelle fois.
« Il m’a alors donné une lettre. Celle qui
t’était destinée, Nil. Il m’a dit que je devais retrouver mon frère. En lisant
la lettre, j’ai découvert ce qui l’avait fait fuir. Il avait trouvé une
nouvelle femme, mais celle-ci était aussi morte. Pendant longtemps, j’ai été
révolté : quand ma mère était morte, mon père m’avait abandonné, alors que toi,
Nil, quand ta mère était morte, il t’avait laissé une lettre ! Puis, en grandissant,
je me suis dit que cela revenait au même : tu avais quand même été abandonné,
encore plus jeune que moi, et puis, tu avais le droit de savoir pourquoi.
« Je suis resté chez ma tante jusqu’à ma
majorité, puis j’ai commencé à travailler sur des navires. Je voulais devenir
navigateur, et consacrer ma vie à te chercher. Je suis retourné beaucoup de
fois sur votre île, avant de te trouver, Nil. Je transportais quand même des
cargaisons, mais j’y venais dès que je pouvais. Et enfin, tu es là. Et c’est seulement
quand tu es parti avec Elena, à pieds,
pour trouver ton père, que je me suis souvenu de ma tante. Mon père
avait sûrement parlé de sa destination à sa sœur !
Hovan s’assit enfin près des deux adolescents et dit doucement
:
–
Voilà. Maintenant vous savez pourquoi nous
allons chez ma tante Yolanda.
–
Oh... souffla Nil. J’ignorais tout cela. Je suis
désolé que notre père t’ait abandonné deux fois...
Ils restèrent tous en silence un moment,
Hovan remuant ses souvenirs, Nil digérant les informations et Elena serrant son
ami contre elle. Roy vomit sur le lit d’Hovan, mais personne ne réagit.
Soudain, Nil, troublant le silence, s’écria :
–
Alors, peut-être que Yohan a refait sa vie
!
–
Tu peux l’appeler “papa”, Nil. Malgré toutes les
choses qu’il m’a faites, cela reste mon père et le tien. Mais oui, c’est fort
probable qu’il ait refait sa vie. Sinon, il serait sûrement venu se réfugier
encore chez ma tante. Ou peut-être qu’il essayait de m’oublier une bonne fois
pour toutes.
Une larme roula sur la joue du capitaine, et il l’essuya
précipitamment.
Deux jours plus tard, La Clélie arriva sur le continent. Et il fallut encore une
demijournée pour retrouver le village où vivait la tante Yolanda. Au moment où
le quatuor s’engageait dans la bonne rue, Hovan s’arrêta d’un coup et dit
:
–
Les enfants, laissez-moi aller seul chez ma
tante. Je préfère la retrouver seule, et je crains qu’elle ne veuille pas
laisser entrer des inconnus chez elle. Attendez-moi ici, je reviens dans...
Disons vingt minutes.
Les deux adolescents et le youm hochèrent
la tête. Puis ils regardèrent Hovan s’éloigner et sonner à une porte. Dring !
Hovan avait les mains moites. Cela faisait
tellement d’années qu’il n’avait pas vu sa tante ! Quand celle-ci lui ouvrit
enfin, il sursauta. Reculant d’un pas, il bredouilla un petit « bonjour ».
–
Hovan, mon petit, c’est bien toi ? murmura
Yolanda d’une voix grave. - Oui. Oui...
–
Entre, mon petit ! Cela fait si longtemps... Je
croyais ne plus jamais te revoir.
–
Je peux te poser une question ? Demanda Hovan en
s’asseyant dans un fauteuil.
–
Fais, je t’en prie, mon petit.
Le jeune homme hésita. C’était un peu délicat...
–
C’est... Sur mon père, risqua-t-il.
–
Oh. Je vois. Que veux-tu savoir ?
–
Où il est parti, quand j’avais neuf ans. Car je
sais qu’il n’est pas parti pour une expédition. Il est parti refaire sa vie. Où
est-il maintenant ?
La vieille femme resta interdite, la bouche
entrouverte. Elle se tordit les mains, changea de position, puis regarda son
neveu dans les yeux. - Pourquoi me demandes-tu cela ?
–
Tu te souviens de la lettre qu’il m’avait
donnée, avant de partir ? Celle destinée à mon frère. Eh bien, ce frère, je
l’ai retrouvé. Et je pense qu’il a le droit de connaître son père.
–
Hovan, écoute-moi bien. Ton père, Yohan, m’a
bien dit où il comptait aller vivre. Mais il m’a interdit de le révéler à
quiconque, ne me demande pas pourquoi.
J’ai juré. Je ne peux pas te le dire. J’ai promis...
Hovan passa ses mains sur son visage, lentement, puis proposa
:
–
Et si je t’amenais mon petit frère ? Celui qui
veut retrouver son père. - Euh...
D’accord. Mais ne fait pas entrer d’autre inconnu dans ma maison. Déjà que je
suis censée ne le dire à personne...
Le navigateur hocha la tête, se leva et
sortit vite dans la rue. Il rejoignit Nil et son amie au pas de course, et
haleta :
–
Yolanda est d’accord pour te voir, Nil. Mais
seulement toi. Je suis désolé, Elena, mais je dois te laisser là toute seule.
Tu gardes Roy ?
Sans attendre de réponse, les deux frères
se dirigèrent précipitamment vers la maison de la tante. Ils sonnèrent, et la
vieille leur ouvrit tout de suite, comme si elle attendait derrière la porte.
Elle dévisagea Nil et s’effaça pour le laisser entrer. Puis elle ferma la porte
sans laisser entrer Hovan, qui fit une grimace indignée, et s’assit sur le
perron.
–
Tu ressembles beaucoup à ton père au même âge,
commença la tante en caressant la joue de Nil. Comment t’appelles-tu ? - Ni... Nil, répondit celui-ci en s’écartant.
–
Nil ? Très joli nom. C’est ton père qui l’a
choisi ?
–
Non, il est parti avant de me choisir un nom.
C’est ma mère adoptive qui l’a choisi.
–
Bon, viens t’asseoir.
Le garçon s’exécuta, et s’assit dans un
vieux fauteuil encore tout chaud – sûrement des fesses d’Hovan.
–
Alors comme cela, tu veux retrouver ton père,
Nil. - Oui... Et aussi...
–
Tu sais que je ne suis censée garder le secret
sur l’endroit où il est allé ? coupa la vieille femme.
Euh... Non je ne savais pas.
–
Eh bien. Mais écoute-moi, petit. Je vais te le
dire, mais à une condition : que si ton père te repousse, tu le laisses tranquille
avec sa nouvelle vie. D’accord ? Et n’amène pas d’inconnus chez lui.
–
C’est... C’est d’accord, madame, promit
Nil.
Mais soudain, il pensa à Elena. Oh, et puis
il était hors de question qu’il l’abandonne. Et puis, elle n’était pas vraiment
une inconnue… C’était son amie !
–
Très bien, approuva la vieille femme, sortant
Nil de ses réflexions. Je vais te le dire…
Elle marqua une petite pause et baissa la
tête, comme si la réponse ne voulait pas passer le barrage de se lèvres. Puis
elle finit par lever la tête, et dit d’une traite, en fermant les yeux :
–
Ton père se trouve sur ce continent, à six cent
kilomètres d’ici. Dans un village au bord de l’océan, nommé Milligan.
Nil imprima ce nom dans sa mémoire.
Milligan. Milligan. Là où se trouvait son père. Il allait bientôt le retrouver
! Youpi !
Pendant ce temps, Elena s’impatientait.
Elle ébouriffait nerveusement les poils de Roy. Celui-ci protestait en
grognant, mais elle ne s’en préoccupait pas. Mais que faisait Nil ? Et pourquoi
voyait-elle Hovan assis sur le perron, et non à l’intérieur ? Refoulant son
stress, elle se mit à penser : j’ai
l’impression que l’on m’oublie un peu, dans cette histoire. C’est vrai, quoi,
ça ne me concerne pas ! Mais je ne pouvais pas laisser Nil faire cette aventure
sans moi. Hors de question !
Elena ne voulait pas se l’avouer, mais elle
avait peur de retrouver la sœur de Nil. Et si, en la rencontrant, il oubliait
tout à fait son amie Fô’liman ? Elena redoutait un peu cela, et elle comptait
bien profiter du voyage pour s’expliquer avec son ami.
En apercevant celui-ci et Hovan revenir
vers elle, le sourire aux lèvres, elle poussa un soupir de soulagement. Ils
avaient réussi ! Ouf ! - Alors,
où allons-nous ? pressa-t-elle.
–
Dans un petit village près de l’océan :
Milligan, répondit Nil en souriant. - Oui,
et je propose d’y aller en bateau. Nous longerons la côte, compléta Hovan.
–
Super !
Les amis plus le youm arpentèrent encore un
peu les rues en quête de provisions, puis, les bras chargés de viande séchée,
de riz et de conserves, ils remontèrent dans La Clélie.
Ils larguèrent les amarres vers midi, et
naviguèrent un bon moment dans les eaux calmes. Nil restait presque toujours
dans la cabine, auprès de Roy, et Elena préférait contempler la mer, et rester
sur le pont, en compagnie d’Hovan. Mais la plupart du temps, la jeune fille se
tenait bien droite, assise sur une caisse, et elle pensait. Elle ruminait
encore ses sombres pensées, à propos de la sœur de Nil. Pourquoi avait-elle
insisté pour la retrouver ? Elle vivait bien tranquillement avec son ami, chez
John, et il avait fallu qu’elle bouscule ce petit bonheur. Oh, bien sûr, Nil
aurait quand même voulu retrouver son père. Ce n’était pas cela qui dérangeait
Elena. C’était l’idée qu’il y aurait bientôt une autre fille dans la vie de
Nil. Si seulement il n’y avait eu que le père ! Si seulement Nil avait été fils
unique !
Confuse, Elena pensa soudain à Hovan. Oups,
lui aussi était le frère de Nil. Et c’était un très chouette jeune homme. Il
arrivait même à la jeune fille de le trouver beau. Non, ce qui embêtait Elena,
ce n’était pas le fait que Nil ait des frères et sœurs : seulement une
sœur.
L’adolescente baissa la tête, se tenant
moins droite, puis décida de dormir un peu. Il n’était que six heures du soir,
mais elle se sentait fatiguée par toutes ces émotions : revoir son village
natal, se faire soigner par son chaman fou, quitter son île, monter pour la
première fois dans un bateau, découvrir toute l’histoire d’Hovan, attendre Nil
pendant qu’il allait chez sa tante, redouter qu’il retrouve sa sœur...Elle
s’endormit sans terminer de dénombrer ses aventures. Elle se reposa deux
heures, blottie contre un sac de riz, bercée par les mouvements du bateau. Nil, quant à lui, n’avait pas du tout
sommeil. Il était censé rester auprès de Roy.
C’est ce qu’il faisait, mais il en profitait pour observer la
cabine de son grand frère. Toutes les cartes qu’il avait ! Et ces coquillages
magnifiques, ces souvenirs de pays inconnus de Nil... Le garçon envia son frère
: il aurait aimé faire tous ces voyages, lui aussi. Mais quand il essayait
seulement de sortir du Tîî - donc aller dans la forêt -, il se faisait gronder.
En y pensant, Nil trouva presque bien d’avoir été banni : cela lui avait permis
de découvrir de nouveaux horizons.
L’adolescent s’assit près de Roy et le
caressa entre les oreilles. Il pensa à son père. Il essaya de l’imaginer, ce
qui fut assez facile : Hovan en plus vieux. Il calcula que son père devait à
présent avoir... Trente-neuf ans. Les pensées de Nil dérivèrent bien vite vers
sa sœur. Sa sœur jumelle, dont il ne connaissait même pas le nom. Il essaya de
l’imaginer, mais n’y parvint pas. Pour cela, il aurait fallu qu’il connaisse le
visage de sa mère... Tiens, et sa mère, quel avait été son nom ?
Soudain, Roy vomit, sortant Nil de ses
pensées. Il entreprit de nettoyer le lit, et la bouche du youm. Calmement.
Ensuite, il se coucha auprès de l’animal et ferma les yeux, savourant l’odeur
de la mère et la chaleur de Roy.
Au bout de vingt minutes, Nil entendit des
cris d’Elena. Il sortit bien vite sur le pont, cherchant à secourir son amie,
mais il la trouva debout à l’avant du bateau, poussant des cris d’admiration :
–
Nil, regarde ça, c’est magnifique !
Il s’approcha d’elle, et découvrit ce
qu’elle regardait : des dizaines de dauphins nageaient dans le crépuscule, l’un
sautant de temps en temps hors de l’eau. C’était un spectacle magnifique,
éclairé par le soleil couchant, maintenant devenu orange. Les matelots étaient
tous accoudés à la barrière, certains chantant, d’autres riant aux éclats.
Nil s’approcha encore un peu plus d’Elena.
Il ne la toucha pas, sentant bien que la visite chez sa tante les avait
éloignés l’un de l’autre. Il se demanda à quoi pensait son amie. Celle-ci
soupira, et Nil ce demanda si c’était à cause de la beauté du spectacle où de
lui. Avait-il fait quelque chose de mal ?
–
Nil... Je peux te parler ? Hésita Elena.
–
Oui, oui, vas-y.
–
Viens, éloignons nous un peu des marins, ils
sont trop bruyants.
Ils se retirèrent à l’arrière du bateau,
près de la barre, et s’assirent côte à
côte, le dos contre la barrière. Ils restèrent un petit moment en silence,
écoutant les chants étouffés des matelots, les sifflements d’Hovan et le
bruissement des vagues. Puis Elena commença :
–
Nil, je voudrais que tu me répondes franchement
: est-ce que je suis de trop dans cette aventure ?
–
Quoi ? Mais non, pas du tout, Elena ! Qu’est-ce
qui te fais penser ça ?
–
Réponds-moi franchement, Nil, s’il te plaît.
Ils se regardèrent dans les yeux un instant, puis Nil déclara
:
–
Non. Tu n’es pas de trop. Pourquoi crois-tu cela
?
Enfin, Nil, tu vois bien que ce n’est pas
mon père que l’on cherche. Ce n’est pas mon frère qui conduit ce bateau, ce
n’est pas ma tante que l’on est passé voir...
- Oui,
et ?... Pressa Nil, sentant bien que son amie hésitait à continuer.
–
Et c’est ta sœur que tu vas retrouver ! Cria
Elena.
Elle se leva et partit quelques mètres plus
loin. Nil la rejoignit aussitôt. Il ne dit rien, chassa une mèche du visage de
l’adolescente, et essuyant ses larmes.
–
Elena, murmura-t-il. Elena... Je ne te laisserai
pas tomber. Même si je retrouve ma sœur. Ne sois pas jalouse. Comment peut-on
être jalouse d’une personne qui n’est peut-être même pas encore en vie ? Elena,
je te promets que tu resteras toujours ma... Ma meilleure amie.
–
C’est tout ? Demanda la jeune fille d’une petite
voix.
–
Ben... Oui. Qu’est-ce que tu voudrais d’autre ?
Elena posa ses lèvres sur celles de Nil et
serra ses mains dans les siennes. Ils restèrent quelques secondes comme cela,
sans bouger, Nil les yeux grand ouverts de surprise. Puis Elena s’écarta et
articula:
–
C’est ça
que je voudrais être pour toi.
Puis elle s’enfuit dans la cabine, laissant
Nil seul sur le pont, la bouche ouverte et les yeux tristes. Le garçon resta
comme ça, debout, les bras le long du corps, sans pouvoir faire un mouvement.
Puis il entendit des pas et une voix masculine fit d’une voix moqueuse :
–
Alors, Nil, je croyais que ce n’était pas ta
petite amie...
–
Hovan !
–
Eh bien, petit frère, on me cache des choses ?
–
Hovan... Je suis nul ! pleura Nil en se jetant
dans les bras de son grand frère. - Euh...
C’est vrai que sur ce coup-là, t’as pas été super galant.
–
Pfff... Je ne veux plus retrouver ma soeur. Si
la chercher me sépare d’Elena, alors je ne veux plus le faire.
–
Oh, ça, tu verras avec ta copine. Mais en
attendant, va la retrouver et t’expliquer. - Hm.
J’y vais. Merci, Hovan.
Nil se dégagea et marcha lentement jusqu’à
la cabine. Il frappa doucement à la porte, et attendit. Rien. Il recommença,
mais toujours rien. Alors il ouvrit, et trouva Elena en larmes sur la
couchette, Roy lui léchant les joues.
–
Elena, dit doucement Nil. Elena, je ne voulais
pas te faire de peine. Je voulais dire que je ne t’abandonnerai jamais. Je ne
voulais pas dire que tu es juste une amie... - Alors...
Je suis quoi ? Hoqueta la jeune fille.
–
Tu es... Tu es... Je...
–
Oui ?... - Tu
es...
Soudain, Hovan entra d’un coup dans la cabine et claironna :
–
Elena, ce garçon veut dire que tu es la fille
qu’il aime !
–
Hovan ! Qu’est-ce que tu fais là, grogna
Nil.
Le capitaine ne répondit pas. Il se
contenta de sourire, puis il sortit de la cabine aussi vite qu’il y était
entré. Les deux adolescents se retrouvèrent à nouveau seuls. Elena assise sur
le lit, et Nil debout, face à la jeune fille. Il baissait la tête, les
pommettes virant au rose. Elena le regarda. - Nil
?
–
Oui, c’est vrai, tu es la fille que j’aime,
admit-il.
Elena ne dit rien. Elle avança sa main pour
prendre le poignet du garçon. Il leva la tête, et tous les deux se regardèrent
longtemps, le sourire aux lèvres. Soudain, le bateau tangua si fort que Nil tomba
à la renverse, écrasant Roy et Elena de tout son poids. Ils éclatèrent tous de
rire, et entendirent Hovan crier :
–
Milligan, nous voilà !
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