lundi 29 avril 2013

Elégance (de Safran)

Un court texte de Safran, du blog Coffee & Books.

Le restaurant "Elegance" est le plus raffiné de la ville. Ses coupelles de caviar, ses champagnes dont les bulles remontent dans une gerbe d’or, ses friands fourrés et ses gaspachos revisités sont connus dans des centaines de pays. Lorsqu’on y entre, on voit des serveurs en costume sombre portant des plateaux d’argent, pressés et peu souriants. On voit assis aux tables des patrons aux airs sévères, de vieilles personnes qui portent des rubis ou des paires de lunette à montures dorées, ou encore de jeunes couples souriants et heureux. Aujourd’hui, au moment du dîner, lors d’une soirée d’été fraîche et reposante, il y a un jeune couple rayonnant de bonheur : non, leurs parures ne sont pas le collier de perle de la jeune femme, ni le costume très habillé du jeune homme, mais leur sourire et leur joie. Cette soirée est importante : le diamant dans l’écrin en velours posé dans la poche du costume, les roses rouges disposées artistiquement dans un vase en cristal... Par une question, en une réponse, ils seront heureux ensemble et pour toujours. Cependant l’atmosphère est lourde de parfum coûteux et de snobisme méprisant. "C’est l’"Elegance", pas n’importe quelle brasserie de campagne !" Pensent les personnes attablées. Mais nos deux amoureux ont le coeur large, et cette ambiance les dépayse... La jeune femme, avant même d’avoir commandé, ose un timide : "Comme il doit faire frais dehors !" Son fiancé la regarde en souriant, puis, lui prenant la main, se lève de table. Ensemble, il sortent et se dirigent vers le bar à tapas de leur amie Ana Luisa. Celle-ci leur sert des "Tortillas de patata " et deux tasses de cappuccino. Leur repas terminé, ils marchent vers le parc. Ce dernier est vide ou presque, il y fait sombre et les grandes silhouettes des arbres se découpent dans le clair-obscur. Au bord du chemin, il y a un banc, usé et à la peinture verte écaillée qui continue de faire son boulot : permettre aux gens de faire une pause. Les gens, ce sont l’étudiante aux Beaux-Arts qui s’inspire des passants, le vieux monsieur qui lit tranquillement son journal, les enfants épuisés d’avoir couru... et maintenant, ce sont ce jeune homme qui a un genou en terre, et sa future femme, émue et aimante, qui porte au doigt une magnifique bague.


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