Chapitre
9
L'exil
Ils
coururent pendant un petit moment. Nil ne savait pas s'il ils
devaient ou non s'arrêter. IL ne savait même pas pour quoi il avait
commencé à courir.
Soudain,
Elena s'arrêta, essoufflée
« Nil,
je n'en peux plus. Je dois m'arrêter. Hors de question que je
continue.
- D'accord, on fait une pause. Mais... Tu peux me dire où on va ?
- Je ne sais pas. Quelque part où il n'y aura plus de disputes entre nos deux clans. Quelque part où...
- ...Où on pourra vivre tranquille. Oui. Et c'est où, ce magnifique pays ?
- Je n'en sais rien.
- On devrait peut-être rentrer, non ?
- Nil... Tu sais bien qu'on ne peut pas. Ton village est détruit, et je suis... bannie du mien. »
Elena
éclata en sanglots. Ne sachant que faire, Nil lui tapota le dos et
soupira. Il se demandait ce que penserait Mia. Serait-elle triste ?
Oui, peut-être.
« Nil,
je suis perdue. Je ne sais plus quoi faire. Si on continue, on risque
de mourir de faim ! On doit rentrer. Mais on en peut pas !
- Calme toi, Elena. On va trouver une solution. Ensemble.
- Ou... Oui. On va s'en tirer. Je ne sais pas comment, mais...
- On a rien emporté du tout ? Vraiment rien ?
- Euh... J'ai mon couteau. Et toi ?
- J'ai... En fait, je n'ai rien pris.
- Même pas ton petit animal, là ?
- Roy ? Non. Quand mon village a été attaqué par le votre, je ne sais pas ce qu'il est devenu. J'espère que... »
Nil
se tut. Il n'osait pas penser à une chose pareille. Que
deviendrai-il sans Roy, son ami ? Il espérait que le jeune youm
était en sécurité, quelque part... N'importe où.
Soudain,
Elena et Nil entendirent un craquement. La jeune fille sortit son
couteau et regarda autour d'elle. Nil scruta les buissons et devina
la forme d'un animal. Il sursauta en découvrant... Roy !
- Hein, quoi ? Où ça ?
- Ne tire pas ! Pose ce couteau. C'est Roy ! Il nous a retrouvé. Qu'il est intelligent ! »
Elena
sourit en voyant l'animal sortir de sa cachette. Elle fit un bruit de
langue très spécial, et Roy sauta sur ses genoux. Nil, heureux
d'être avec ses deux amis, s'étendit dans l'herbe. Enfin un peu de
calme. Ah !
Le
trois amis restèrent un bon moment sans parler. Ils écoutaient le
silence. Ou plutôt les bruits de la nature. Mais Nil, trop curieux
pour rester silencieux longtemps, engagea la conversation.
« Elena,
tu as des mentors dans ton village ?
- Oui. En général, les mentor est le père ou la mère. Mais comme je suis orpheline, c'est le chaman qui a choisi mon mentor. Mais je n'aimait pas mon mentor. C'est celui qui m'a ordonné de partir.
- Quoi !? Non, c'est pas vrai... C'est lui ! Il n'a vraiment pas l'air commode. Je te plains. Pourtant, tu a l'air d'avoir appris beaucoup de choses...
- Ah ça oui. Mais pas de la manière la plus douce qui soit.
- Oh, je vois. Un peu le genre de Liz en beaucoup plus sévère.
- Qui ?
- Non, rien. Et... Tu vivais avec qui ? Et, sans être indiscret, pourquoi tu es orpheline ?
- Ouh ! Je vivais dans une famille de cinq enfants. Ils étaient plutôt gentils, mais je ne me sentais pas à ma place. Et les parents étaient débordés par leurs enfants. Sinon, je ne sais pas pourquoi je suis orpheline. Quand je posais la question, on ne me répondait pas grand chose. Si j'ai bien compris, ma mère a été tué par votre tribu et...
- Oh, non. Je suis désolé.
- Ce n'est pas de ta faute. Donc ma mère est morte tuée par ta tribu et mon père je ne sais pas. Les gens n'ont pas parlé une seule fois de lui. On dirait qu'il n'a jamais existé.
- Hm. Moi non plus, je n'ai pas de père. Mia n'en parle jamais.
- Tu appelles ta mère par son prénom ?
- Oui. Elle déteste que je l'appelle « maman ». Je suppose qu'elle doit trouver que ça la vieillit.
- Tu es né quel jour, Nil ?
- Mon anniversaire, c'est le 8 avril. Et toi ?
- En mai. Tu as eu ta Spécialité avant moi, alors.
- Oui, apparemment. Eh, à propos, je n'ai pas bien compris en quoi consiste la tienne.
- Je peux contrôler l'eau. Pas la transformer en glace ou en vapeur. Juste la faire bouger. Je ne m'en sert pas beaucoup.
- Ah.
- …
- …
- Nil ?
- Oui.
- Tu as des frères et sœurs ?
- Non. Je suis fils unique.
- C'est drôle, tu n'as qu'une personne dans ta famille, et... et moi je n'en ai pas.
- Hm. Très drôle, vraiment. Je suis hilare.
- Non, je ne rigole pas. Je...
- On y va ? Il faudrait peut-être trouver un village pour pouvoir manger.
- Oh, et puis laisse tomber. OK, on y va. »
Il
se relevèrent et continuèrent leur voyage, mais à un rythme plus
lent. Il fallait qu'ils soient endurants, et non rapides. Il
marchèrent d'un bon pas toute la journée, en ne faisant que de
petites poses pour boire.
En
voyant le soleil décliner à travers les arbres, les deux amis
décidèrent de s'arrêter. Ils repartiraient demain, la priorité du
moment était de trouver un abri pour la nuit. Ils se séparèrent
donc pour chercher un petite grotte, un amas de branches ou un
népiléa aux branches basses. Quelque chose qui pourrait les
protéger des prédateurs nocturnes volants et de la pluie. Nil
partit dans une direction, et Elena dans une autre, accompagnée de
Roy.
Nil,
tout en cherchant, pensa aux événement des derniers jours. Ils
s'était fait une très jolie amie : Elena. Les reste s'était
enchainé comme dans un rêve. Ou peut-être un cauchemar. IL s'était
fait grondé pour sa désobéissance, il s'était battu avec Stë...
Avant de se faire attaquer par les Fô'limann's et de retrouver son
ennemi dans la prison. Puis, il avait vu Stë emporté, et l'avait
cru mort. Quand on l'avait libéré à son tour, il avait tout
découvert et avait dû avouer qu'il connaissait Elena. Ensuite,
quand Elena avait été bannie par son mentor, il était parti en
courant, l'entrainant avec lui. Sans même savoir pourquoi.
Et
voilà maintenant qu'il étaient seuls, dans la forêt, à chercher
un abri pour passer la nuit. Nil se rendit compte que Mia lui
manquait. Et s'il courait la rejoindre pour reconstruire leur
village ? Non, jamais il ne laisserait Elena seule dans la
forêt. Comment avait-il pu penser une telle chose !
Nil
chassa toutes les pensées qui tournait dans sa tête et se concentra
sur sa tâche. Il lui fallait impérativement trouver un abri.
Enfin,
alors que Nil commençait à fatiguer, Roy lui sauta sur l'épaule.
Le garçon sursauta, puis devina qu'Elena avait envoyé le jeune youm
le chercher parce qu'elle avait trouvé une cachette. Il suivit donc
son ami à travers les troncs d'arbres.
« Regarde
ce que je nous ai trouvé, s'écria Elena en le voyant arriver. C'est
parfait. Bon, je ne dis pas que j'habiterait toute ma vie dedans,
mais c'est bien pour une nuit. »
Elle
avait déniché une pierre contre laquelle un troncs énorme était
tombé. Ses branches déployées faisait un toit parfait. Nil entra
dans la cabane, et sentit les branchettes lui rentrer dans le dos.
Ouille ! Bon, pour une nuit, ça pouvait aller. Mais pas
question de rester ici plus longtemps !
« Oui,
c'est très bien. Niveau confort, c'est limite, mais ça ira. Tu
viens ?
- J'arrive. Sors, toi !
- Pourquoi, demanda Nil en s'exécutant.
- Tu va prier avec moi.
- Vous avez des dieux dans votre tribu ?
- Mais non, banane ! On croit en les mêmes esprits de la Nature que vous ! C'est juste que je prie tous les soirs pour que mon père ne soit pas mort.
- Ah, pardon. Je ne savais pas.
- Chut ! Esprits de la Nature et des étoiles, faites que mon père, où qu'il soit, reste envie le plus longtemps possible. Et faites aussi que Nil, Roy et moi restions en vie et en paix ensemble. Merci.
- Merci. »
Les
trois amis rentrèrent dans la cabane de fortune et s'allongèrent.
Roy se plaça entre Nil et Elena, et s'endormit aussitôt. Les deux
enfants restèrent sans parler un long moment, jusqu'à ce qu'Elena
demande :
« Nil...
Tu ne t'es jamais demandé si ton père était dans ton village ?
- Non. Je suppose qu'il est mort.
- Peut-être. Mais peut-être aussi qu'il est quelque part et qu'il pense à toi.
- Oui, peut-être, murmura Nil.
- Et... Tu n'as jamais pensé que ton père avait peut-être été banni de son village, et qu'il était parti avec tes frères et sœurs ?
- Non ! Il m'aurait pris avec lui ! Il ne m'aurait pas abandonné chez ma mère ! Il ne nous aurait pas abandonné, Mia et moi.
- Oh, ça, tu ne peux pas le savoir. Peut-être que ton père était un traitre.
- Ah oui ? Et le tien alors ? Hein ?
- Pareil pour le mien. Ne te fâche pas, Nil. Ne te fâche pas. Je te pose juste des question. J'aimerais connaître la vérité sur moi. Et toi, tu ne veux pas savoir d'où tu viens, qui t'as fabriqué ?
- Non. J'étais bien, avec ma mère. Tout seul.
- Oh, si je t'ai dérangé dans ta petite vie pépère, excuse moi !
- Mais non ! Je suis content de t'avoir rencontrée. Tu es très...
- Très ?
- … très gentille. Oui, tu es vraiment gentille. »
Elena
regarda son ami d'un air déçu, puis lui tourna le dos pour dormir.
Nil se demanda ce qu'il avait dit de mal.
Mais
il n'avait rien dit de mal. Il n'avait surtout rien dit de bien.
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