Histoires en vrac ...: Chapitre 4 (Vision)

Chapitre 4

Je sonne, et Liz m’ouvre tout de suite. Elle attendait derrière la porte, j’en suis sûre !

« Allez, viens entre, on monte dans ma chambre. »

Je salue les parents et les deux grandes sœurs de Liz au passage, puis elle me pousse dans sa chambre.

« Bon alors raconte moi ! Je ne suis plus fâchée. C’est bon. Toi non plus ?

Oh, non. T’inquiète.
Raconte un peu ce qui t’est arrivé. Dis moi tout. »

Elle me tendrait un micro, ça ne m’étonnerait même pas. Quel clown cette Liz ! Elle devrait faire journaliste, plus tard.

Je m’assieds sur son pouf et je commence :

« Ben c’est pas très compliqué… J’ai eu un accident de rue, tu le sais. Ça m’a déformé le cortex visuel primaire, mais tu le sais aussi. Et donc, après cet accident, j’ai eu un truc bizarre… Appelons ça une vision.

Oh, attends, attends ! »

Elle attrape un carnet sur son bureau, sors un bout de crayon de son sac et me fait signe de continuer. Je sourie. Des fois, je me demande si elle fait exprès d’être ridicule ou si elle est sérieuse. C’est pour ça que je l’aime.

« Donc, j’ai eu une drôle de… de…

De vision.
Oui, une vision. Au moment de vous retrouver, toi et ma mère, j’ai eu cette vision. J’ai vu comme si j’étais toi. Je me suis vue moi même. Je pense que… Je pense que j’ai vu par tes yeux. Voilà.
Hm, hm. Et ?
Ben, et… Et c’est tout. Je te demande ton avis.
OK. Bon. On va enquêter sur cette drôle d’affaire.
Mais, Liz ! Sors de ton rôle de journaliste ou détective, ou je ne sais quoi ! C’est d’une amie dont j’ai besoin. Pas d’un… d’un…
Ouh là, c’est bon, calme toi ! J’arrête, j’arrête. Donc…
Tu m’as écoutée au moins ?
Oui, oui, regarde. J’ai même pris des notes. »

Elle m’énerve vraiment avec ses manies de journalistes. Mais je laisse faire, tant que c’est pas trop souvent.

Liz me tend son petit carnet, ouvert à la bonne page. Elle a pris des notes, utilisant un schéma avec des mots-clés. Sacré Liz !

Je ne m'intéresse pas trop à son shéma. Un simple dessin ne peut pas résumer mon incroyable vision. Je lui sourit et le lui rend, avant de demander :

« Alors ? Tu crois qu'on pourrait faire quoi ?

Ben, à vrai dire, pas grand chose. Il n'y a ni meurtrier à arrêter ni énigme à résoudre.
Oui, mais... On pourrait... Je sais pas, moi, chercher !
Mais chercher quoi ? Il n'y a rien à chercher.
Tu es trop passive. Les évènements te passent dessus, sans que tu ne fasses rien ! Il faut agir, Lise !
Quoi, tu voudrais que je me concentre de toutes mes forces pour que ça recommence ? C'est ça ? Hein, hein ?»

« Ouh là. Tu va bien, Lise ?

Ou... oui, mais cette histoire me stresse. Je ne contrôle rien, et... Et... Et...

Je fond en larmes. Sur place. Comme ça, là, dans la chambre de Liz. Je m'assieds sur son lit. Elle reste plantée devant moi quelques secondes avant de me prendre dans ses bras. Elle me chuchote quelque chose que je ne comprends pas. Mais ça me rassure. J'ai besoin d'être consolée, comme un petit enfant. Et ma meilleur amie est le meilleur réconfort possible. Ma Liz !

« Tu devrais rester dormir chez moi, elle me dit. Ce serait bien.

Mais demain c'est lundi ! Comment je ferai pour prendre mes affaires ?
Tu habites juste à côté. On passera les prendre !
Ben moi, je veux bien... Mais les parents ?
Viens ! »

On devalle l'escalier avant de se précipiter sur son père. Il nous dit d'aller demander à la mère de Liz. On courre la voir, et elle accepte. Reste à convaincre mes parents...

Après un coup de fil et quelques négotiations, nous voilà Liz et moi à danser de joie dans le salon. De la cuisine, la mère de Liz s'excuse que le repas va être un peu juste pour cinq, puisque le grand frère de Liz vient manger. On se regarde et on éclate de rire, sans vraiment savoir pourquoi.

« On va installer un matelas dans ma chambre. Tu viens ? »

Je la suis et on installe le matelas, avant de faire une bataille d'oreillers.