Voici la suite de mon texte : Journal de Mathis.
Bonne lecture !
Mardi
22 septembre. 20 heures 17.
Rouge…
Alors là,
ça commence à bien faire ! Déjà, à l’école, ils m’ont insulté. Comme
d’habitude, je devrais dire. Ils ne m’ont pas coincé comme hier, mais ça ne les
a pas empêchés de m’embêter.
Quand je
dis “ils” je suppose que tu comprends. Solal, Laurent, Maxime et d’autres qui
se sont joints à eux.
Puis en
rentrant à la maison, quand j’ai lancé mon cartable dans l’entrée un papier en
est tombé. Je l’ai déplié, super curieux de savoir ce que c’était. Une lettre
d’amour ? Un mot de soutient ? Les réponses d’un exercice ?
Non.
C’était
une photo de babouin, avec marqué au feutre au dessus : «Voici Mathis».
J’aurais
peut-être dû pleurer. Je ne l’ai pas fait. J’ai éclaté d’un rire bruyant et
faux qui n’était pas le mien. Je voulais les narguer, même s’ils n’étaient pas
là. Leur montrer que ça ne me faisait rien.
Et je le
veux toujours, d’ailleurs. Sauf que ça ne me fait pas “rien”.
Mercredi
23 septembre. 15 heures 47.
Turquoise…
Maman
m’avait préparé mon plat préféré, quand je suis rentré vers midi et demi.
Épinards-Poulet-Patates. Et en dessert… Litchis !
Bon, au
lieu de parler de mon ventre, parlons plutôt de ma journée. Elle s’est passée
aussi mal que les autres, mais comme elle était plus courte – on est mercredi –
ça a été.
Je ne
comprends pas pourquoi il y a le racisme. C’est ma faute à moi si mon
grand-père maternel est né au Togo ? Et puis en quoi ce serait une faute, en fait
?
J’ai
demandé tout à l’heure à Maman. Elle m’a expliqué que le racisme, ce sont les
gens qui sont jaloux, parfois, mais surtout qui ont peur. Peur de la
différence.
Je suis censé
rire ? Solal qui a peur de moi, ça, c’est la meilleure ! Non, c’est moi qui ai
peur de lui, pas le contraire.
Quand j’ai
ouvert mon cahier pour finir mon exercice de maths, tout mon cahier était
noirci. Gribouillé, saccagé. Des traces de bic partout. Même les pages blanches
avaient été raturées. J’ai pris un autre cahier, j’ai recopié de l’ancien tout
ce qui était encore lisible et j’ai fini mon exercice. Bien sagement.
Et là, en
ce moment, en te l’écrivant, je me trouve bête. Soumis, victime, et tout ce
qu’on veut. J’aurais dû crier de rage. Déchirer le cahier de toutes mes forces.
Mais non. Pas du tout.
Pffff…
Jeudi
24 septembre. 23 heures 22.
Gris…
Je ne veux
plus aller à l’école. Ce matin, quand je suis entré dans la classe, j’ai vu les
visages de ceux de la bande à Solal. Souriants. J’ai eu un mauvais pressentiment.
Déjà, le
prof n’était pas encore là, et pourtant, la classe était calme. Et puis il y
avait les visages de Solal & Co. Ils disaient tout, ces visages.
Quand j’ai
enfin trouvé ce qu’ils avaient fait, j’ai failli pleurer. Je me suis mordu
l’intérieur des joues le plus fort possible. Ça m’a fait mal, mais au moins, je
n’ai pas pleuré.
Ils
l’avaient écrit en grand au tableau.
«Mathis est un sale babouin, il ne se
lave qu’une fois par an, et il pue.»
En
dessous, ils m’avaient dessiné. Un singe qui criait “ouh, ouh” et qui se grattait
la tête. Mmmhm.
Magnifique.
Avant que
le prof arrive, ils ont vite effacé le tableau. Ils avaient tout prévu. En
retournant à sa place, quand le prof de sciences est arrivé, Solal m’a lancé un
regard méchant et passé son doigt sur sa gorge. Un signe que j’ai vite compris
: si je parlais, “couic”.
Ça m’a
fait vraiment peur. De quoi est-il capable, ce gars-là ?
Dans la
cour de récré, ils se sont réunis autour de moi. Et ils m’ont insulté de tous
les noms. Il y en a même que je ne connaissais pas. Tout le monde nous
regardait. Personne ne m’aidait. J’ai tenu bon.
Par
contre, le soir, dès que j’ai fermé la porte de la maison derrière moi, j’ai
fondu en larmes. Avant même de déposer mon manteau. J’ai versé toutes les
larmes que j’avais retenues pendant la journée.
Je n’en
peux plus. Au secours !
À SUIVRE...
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Première partie du Journal de Mathis.
Ce que j'ai beaucoup aimé dans cette partie, c'est que tu as mis le doigt sur la raison de pourquoi certaines personnes sont racistes (ou homophobe, ou ...) : Peur de la différence.
RépondreSupprimerEt ce qui m'intrigue, c'est les couleurs à chaque début de texte ... en clair, ça me donne envie de continuer à te lire =)
Petite question personnelle. Tu n'es pas obligé de répondre bien sur ;-)
Qu'est ce qui t'a inspiré pour écrire ce texte sur Mathis ?
Ben... Je ne sais pas trop. J'avais envie d'écrire quelque chose qui intéresse, qui choque même. Et j'aime bien écrire en "je". Sinon, ce qui m'a inspiré, c'est ma soeur, des livres que j'ai lu, une copine metisse...
SupprimerD'ac =)
SupprimerJe trouve ça intéressant de savoir le pourquoi du comment ^^
Et pourquoi le nom des couleurs à chaque début de paragraphe ? :3
Supprimer(comme tu l'as deviné, je suis allé voir ton blog -merci pour le commentaire sympathique sur le mien ☺-, et pour l'instant j'♥ ! Je dis "pour l'instant" mais je suis certain que ça va durer ;-) tu écris bien ; simplement, mais bien ! Je n'ai pas encore tout lu mais ce que j'ai lu me plaît ☺ voilà, remarque pas très constructive mais je ne sais jamais vraiment développer quand un blog me plaît bien ^^)
Hihi, merci :) J'aime bien ta "remarque pas très constructive !
SupprimerEt à propos de ma manière d'écrire, tout le monde me dit que j'écris simplement et avec des phrases courtes... J'hésite un peu à essayer de changer et essayer de faires des phrases plus recherchées, plus longues...
Et le nom des couleurs, à chaque début de journée, c'était pour mettre un peu dans l'ambiance du jour, des évènements à suivre... ;)
SupprimerHaha de rien ^^
SupprimerCette remarque qui revient n'est pas erronée, mais sache que tu écris très bien tout de même ! Je comprends, on a parfois peur de se lancer dans des descriptions alambiquées :-) alors un conseil : fais-toi plaiz' et écris comme tu le sens ;-)
J'aime bien cette "mise dans l'ambiance" ☺
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