Voici l'histoire de Nil. Je n'en dis pas plus. Vous le découvrirez au fur et à mesure de l'histoire. Voici le premier chapitre. Je publierai les suivant petit à petit.
ATTENTION : pour les mots numérotés, voir les astérisques en bas de page.
Chapitre 1
Nil, Mia et le rêve
Nil, Mia et le rêve
Un petit garçon âgé de sept ans était adossé contre une cabane de son village. Le garçon s’appelait Nil et son village était le « Tîî ». Il s’ennuyait. Il n’avait pas de frères et sœurs comme les autres enfants… En fait, il n’avait pas de père non plus. Juste une maman, sa maman, des cheveux crépus, de grands yeux noirs, vingt et un ans et un prénom : Mia. Une maman qui ne voulait même pas qu’on l’appelle maman…
Ça, c’était Stë. Un garçon du village. Depuis leur naissance, ils passaient leur temps à se disputer, Nil et lui. Stë avait trois semaines de plus que Nil, et il en profitait. Nil se prépara à se battre. Il se mit en position et... Stë fut plus rapide que lui. Nil n'eut pas le temps de réagir, le garçon lui sauta dessus, et lui donna un grand coup de pied dans le ventre. Le souffle coupé et enragé, Nil frappait dans tous les sens sans atteindre Stë. Il s'était battu tant de fois contre lui. Tant de fois. Et chaque fois, il avait perdu. À cette pensée, il repris le contrôle de lui même et envoya un coup direct et vif dans le tibia de son ennemi. Celui-ci, surpris, eut un petit hoquet, puis il griffa sauvagement l'oreille de Nil. En poussant un cri de rage.
Nil s'écarta de Stë en sursautant, tomba par terre, se releva... et s'enfuit. Il courut un peu, mais, se rendant compte qu’on ne le poursuivait pas, il s’arrêta pour se reposer. Il s’appuya contre un népiléa1, à l’ombre de ses immenses feuilles. À ses pieds, une flaque presque asséchée. Au troisième mois, les femmes ramassaient les larves de potelos2 qui y nageaient, pour les faire cuire et les manger. Mais, aujourd’hui, il n’y avait pas de larves, et la flaque était presque asséchée. Nil s’y regarda. Son oreille, normalement couleur chocolat était gonflée et tirait sur le violet. Mais il ne s’en inquiéta pas : Mia savait bien soigner les blessures…
Ce qu’il regarda, c’était ses cheveux. Bruns brillants, mais surtout bouclés, bouclés à un tel point qu’on aurait pu se perdre dedans. Il en était assez fier. Il n’était ni très beau ni très fort, mais il avait de magnifiques cheveux. Au Tîî, son village, on le surnommait « Walimba ‘nahôrou », ce qui voulait dire « cheveux de fou »…
Nil s’accroupit, et enfonça ses doigts dans la boue gluante de la flaque. Ah, ce qu’il aimait rester seul dans la forêt. Sans personne. Sauf que c’était interdit, car la tribu des Fô’limans rôdait… Les Fô’limans était les pires ennemis des Yottominn’s, la tribu de Nil. Le chef de Tîî, le chef en avait déjà parlé… Il avait dit que les Fô’limans étaient d’affreux sanguinaires sans pitié, et que chaque fois qu’ils le pouvaient, il capturaient un Yottominn pour le tuer devant leur village, comme un sacrifice. Rien que d’entendre ça, Nil les détestait déjà. Il eut tout à coup un frisson, en se disant qu’un guerrier Fô’liman pouvait être caché près de lui, peut-être même juste derrière le népiléa…
Soudain, il entendit un craquement. Il regarda autour de lui, prit de peur. Un cri retentit et fit sursauter Nil. Puis, il éclata de rire en voyant une tache grise s’enfuir dans les fourrés. Ce qu’il venait d’entendre et de voir, c’était un flomiloll, un oiseau blanc nacré avec un bec plat pour chercher sa nourriture dans la terre. Son bec a en fait la forme d’une pelle.
Mia lui frottait l’oreille avec un liquide froid. Il se rendit compte que Stë avait frappé plus fort qu’il ne pensait.
- " Dans quelle situation t’es-tu encore fourré ? Tu t’es battu ?
- - Euh… Oui, avec Stë…
- - Et tu t’es battu pendant une demi-heure ? Tu n’es pas parti ?
- - Ben… Si…
- - Mon petit doigt me dit que tu es allé dans la forêt…
- - Euh... Ton petit doigt a raison…
- - Nil ! C’est interdit et tu le sais parfaitement !
- - Oui, mais…
- - « Mais » rien du tout ! C’est interdit pour que toi, et les autres enfants soient en sécurité ! C’est compris ?
- - Oui…
- - Promets moi que tu n’iras plus jamais tout seul dans la forêt sans ma permission.
- - D’accord.
- - Toute la phrase !
- - Je te promets que je n’irai plus tout seul dans la forêt sans ta permission…
- - C’est bon. N’en parlons plus."
Après le repas, il emporta une galette de royas[1] à grignoter près de Mia. Assis à côté d’elle, il s’adossa à la hutte et la regarda réparer les flèches des guerriers. Puis, fatigué par la matinée chargée qu’il avait passée, il s’endormit, bercé par la chanson que Mia entonnait. Celle-ci finit la galette.
Le rêve de Nil était en fait un souvenir de quand il avait quatre ans. Il se rappelait d’une conversation avec sa mère sur les Spécialités…
- "Maman, c’est quoi exactement, une Spécialité ?
- - Comment tu m’as appelé ?
- - Euh, pardon… Mia.
- - Bon, que sais-tu déjà sur les Spécialités ?
- - Tout ce que je sais, c’est qu’on les donne à douze ans…
- - Oui. À ton anniversaire de douze ans, le fiovela[2] t’examinera pour savoir quelle Spécialité t’es la plus appropriée. Ensuite, il te la donnera.
- - Comment il nous examine ? Comment il nous la donne ?
- - C’est interdit de le dire. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est interdit sous peine de bannissement du Tîî.
- - Et toi, c’est quoi ta Spécialité ?
- - Moi, comme je suis douce et en même temps têtue, le fiovela m’a donné la Spécialité de pouvoir apprivoiser tout animal.
- - Waaaaw ! C’est vrai !? Montre moi !
- - D’accord mais une fois… Regarde cet insecte."
L’invertébré désigné par Mia s’envola soudain et vint se poser sur le nez de Mia. Celle-ci le pris délicatement et le posa sur le dos de sa main. L’insecte se laissa faire… Mia le caressa, le chatouilla et le fit voler sous les yeux émerveillés de Nil.
- "Comment tu fais ça !? C’est incroyable !
- - Ben, oui, c’est ma Spécialité, quoi…
- - Si j’ai bien compris, le fiovela choisit la Spécialité des gens en fonction de leur caractère !
- - C’est à peu près ça, oui.
- - Et moi, tu crois que je vais recevoir quoi comme Spécialité ?
- - Aucune idée… Moi, je croyais que j’allais recevoir quelque chose en rapport avec la cuisine, mais pas du tout. On ne peut pas savoir.
- - Oh…
- - Bon, allez mon petit… Au dodo !
Nil s’allongea sur le « sac ». Leur lit était un grand tas de bouts de tissus et de couvertures, dans lesquels on se glissait, comme dans un sac.
- "Mais… J’ai… Ouah ! …pas sommeil !
- - Si, regarde, tu bailles ! Allez dors."
Mia lui caressa la tête, il ferma les yeux. Elle se leva sans faire de bruit, et sortit.
Ce me semble être un univers sympathique, dans lequel j'entre avec curiosité et envie ! :-)
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