Chapitre
11
La dame est finalement revenue. Mais Betty a failli
raconter à sa mère que j'avais volé dans le placard ! J'ai
bien cru que j'allais y passer. « Maman, le garçon il a pris
des flocons d'avoine pour... » je l'ai regardé, et elle a
rectifié sa phrase : « Il a pris des flocons d'avoine
pour me faire un bon goûter. »
La mère a souri, puis elle m'a donné 10£ pour mon
service. Je suis vite parti avant que Betty ne finisse par cracher le
morceau.
Maintenant, je marche dans une rue, loin, très loin de
la maison de Betty. Je ne compte pas croiser la mère et sa
fille une nouvelle fois.
Bon... Je dois trouver un autre petit boulot, histoire
de passer le temps...
Je frappe à une autre porte. Elle s'ouvre, un très
vieux monsieur me fixe, l'air méfiant. Et quand je commence à lui
expliquer que je lui propose mes services, il me claque la porte au
nez ! Sympa, le gars ! Merci beaucoup.
Je décourage un peu, mais je continue ma route. Je
toque encore à trois porte, et c'est la troisième qui est la bonne.
Un gros monsieur ouvre, et il me regarde, étonné.
« Que fais-tu ici mon garçon ?
- Je voudrais vous rendre un service, pas trop long, histoire de gagner un peu d'argent...
- Oh. Eh bien, euh... J'ai peut-être une idée. Viens, entre. Je dois partir pour un voyage d'une semaine, et ça m'embête de laisser ma mère toute seule. Tu ne pourrais pas... ?
- Euh, mais... C'est long, une semaine ! Vous n'auriez pas moins ?
- Alors, tu pourrais juste aller faire les courses pour moi, au marché.
- D'accord ! Et... pour la récompense ?
- 5£, ça te va ?
- Oui. J'y vais.
- Tiens, la liste des choses à acheter et de l'argent. Mais ne t'avise pas de garder la monnaie !
- Mais... Non ! Bien sûr que non ! »
L'homme ne me regarde déjà plus. Pfff, qu'il est
méfiant ! Enfin, c'est vrai que j'ai volé des choses, chez la
dame. Je suis impoli. Je ne suis pas bien élevé.
On pourrait écrire un roman sur moi ! Je suis
sale, impoli, mal élevé, moche, seul, méchant, voleur, voyou,
gamin des rues, cambrioleur, pick-pocket, affamé, etc.
Tout ça. Mon petit moi contient tous ces mots, et aucun
prénom.
Mes parents n'ont même pas pris la peine de me laisser
le plus important. Un nom. Tout ce qui définit les gens ce sont leur
nom. Et moi, je n'en ai pas. Je ne suis rien.
Je suis allé faire les courses pour le monsieur. Il m'a
donné 5£, et je suis parti.
Là, je suis dans la rue. Je n'ai plus envie de
travailler. Je n'ai pas aimé la façon avec laquelle le monsieur me
regardait. Il avait l'air vraiment méfiant. Il me prenait pour un
voleur. Enfin, c'est un peu ce que je suis... Mais justement,
j'arrête ! Je cherche un emploi ! Et je suis sûr qu'il
croyait que j'allais piquer deux ou trois billets dans son
porte-feuille.
Bon, je vais aller au marchand de fruits-légumes puis
chez la pâtissière. Peut-être que quelqu'un se sera déjà
intéressé à mon annonce...
J'entre chez le marchand. Il me reconnaît de loin et me
fait signe de venir au comptoir. Oh, c'est peut-être qu'il y a eu
une réponse !
« Mon petit, rien pour toi aujourd'hui... Désolé.
Mais plusieurs dames se sont intéressées à ton affiche. Elle sont
sûrement allé en parler à leur mari. Reviens demain ! »
Je ne dit rien, je faie un petit sourire forcé au
vendeur et je sors. Quelle déception !
Bon allons quand même voir à la pâtisserie, mais je
doute qu'il y ait eu quelque chose.
J'entre, et ça sent bon les gâteaux tout chauds.
« Oh, mon petit, viens. Personne ne m'a parlé de
ton affiche. Je sais, c'est dommage, mais les gens ne prennent pas
des décisions comme ça. Je savais bien que tu n'aurais personne le
premier jour. Si tu reviens demain matin, peut-être que...
- Oui, oui, merci madame. Je reviendrai demain. Mais nous sommes déjà l'après-midi, plus personne ne va venir dans votre magasin ! Je ne peux pas revenir demain mat...
- Eh, sois un peu poli ! Bien sûr que si, le gens viennent encore l'après-midi pour s'acheter un goûter ou un dessert pour ce soir. Allez, ouste, tu gènes les clients ! Reviens demain, je te dis. »
Je sors vite, vexé. Pff, quelle prétentieuse,
celle-là ! Je ne peux rien dire sur ses ventes sans qu'elle
parte, comme ça, au quart de tour !
Je retourne bien vite à mon bout de pâlissade. Je dois
bien me résoudre à y dormir – pour cette nuit, en tout cas.
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