Chapitre 9
Le jour est levé depuis seulement une demi-heure. Je
suis déjà debout, près à retourner chez moi. Il faut que je
retrouve le chemin !
Je me demande quelle heure il est. Mais je ne vais pas
demander au gens. Pour eux, je suis un clochard qui s'est réveillé
sous les ponts. Un misérable.
Je ne sais pas où aller !
Je marche au hasard, dans la ville, pendant longtemps.
Tiens, un clocher. Je vais pouvoir aller voir quelle heure il est. Je
marche à grands pas jusqu'à l'église.
8 heures 47. Ça va, j'ai encore le temps. Je voudrais
juste passer acheter des bougies avant de retrouver ma maison. Il
faut que j'y aille avant 11 heures.
Je reprends ma route.
Soudain, au bout de quelques minutes, je me souviens.
L'église ! C'est celle qui sonnait tout près de chez moi ! Je ne
suis pas loin. Je suis dans le quartier des riches. Je dois me
diriger vers les faubourgs. J'y suis presque !
Ma petite maison...
* * *
Voilà. Je suis au début de ma rue. Ça fait du bien de
rentrer chez soi. J'approche de chez moi !
Je suis devant la bouche d'aération. Les planches sont
bien là. J'entre, en me faufilant par l'entrée. Je monte à
l'étage. Une voix me fait sursauter :
« Qu'est-ce que tu fais là ?! »
Je me retourne dans tous les sens, en essayant de savoir
d'où vient la voix. Elle retentit de nouveau, sans que je sache qui
parle.
« Qu'est-ce que tu fais là ! Tu es dans ma maison !
- Ah, non ! Je ne sais pas qui tu es ni où tu es, mais ce qui est sûr, c'est que c'est chez moi, ici !
- Et qu'est-ce qui peut me le prouver, morveux ?
- Ben... Rien. Mais je jure que c'est ma maison. J'habitais là avant d'être... obligé de partir pour quelques temps.
- Ouais, ouais, c'est ça !
- Mais... Je...
- De toutes façons, même si ce que tu racontes est vrai, maintenant, ici, c'est chez moi ! Allez ouste ! »
Comme pour souligner ses paroles, une dame sort de
l'ombre et me montre la sortie.
Je la regarde. Elle est sale. Très sale. S'il n'y avait
pas toute cette crasse sur son visage, elle pourrait être jolie...
Bon, il faut que je sorte. Sinon, je vais me faire
zigouiller. Pfff. Me faire chasser de ma propre maison ! C'est
honteux !
Et comment je vais faire, moi, maintenant ? Il me reste
une solution... Oh, non ! Je ne peux pas me résoudre à ça ! Je ne
peux pas intégrer la Bande ! Non. Hors de question. Non, non et non
! Jamais, jamais je ne me lierai à eux.
Mais que faire, alors ?
* * *
Je suis assis au fond d'une impasse. Le dos contre une
palissade. C'est injuste. On m'a volé ma maison !
Je mange une partie de mes biscuits secs. Ça, pour être
secs, ils sont secs ! Il me faudrait quelque chose à boire. Manger,
ça aide à réfléchir, mais ça donne soif.
Malheureusement, j'ai donné ma bouteille de cidre à un
clochard enragé... Je n'ai plus rien à boire. Je suis seul, sans
domicile, sans famille, presque sans argent et sans eau. Quel malheur
!
Je cherche d'autres solutions. Mendier ? Non, je ne
suis quand même pas tombé si bas. Rejoindre la Bande, je n'y pense
même pas. Je pourrais peut-être travailler...
Oui, c'est une bonne idée. Mais, quel travail ?
Vendeur de journaux ?
Travailleur à l'usine ?
Portier dans un hôtel ?
Serviteur d'une famille riche ?
Oh, je ne sais pas ! Servi une famille riche me
permettrait d'être logé à coup sûr. C'est un gros avantage. Oui.
Il faudrait que j'essaie.
Pour trouver une famille, je devrais mettre une annonce
dans une ou plusieurs boutiques. Disons... Le marchand de fruits et
légumes. Et la pâtissière. Mais surtout pas le boulanger, il me
reconnaitrait !
Je me lève et marche jusqu'à la pâtisserie. J'entre.
Il y a quatre personnes dans la boutique. Je ne devrai pas attendre
trop longtemps.
Mon tour arrive. La pâtissière me demande d'un air
distrait :
« Que veux-tu mon petit ?
- Mettre une annonce dans votre magasin. »
Elle se retourne et me regarde fixement.
« Oui... Oui, bien sûr ! Que dois-je écrire,
mon petit ?
- Eh bien... Euh... Garçon de treize ans cherche travail comme domestique dans une maison. Débrouillard et dégourdi.
- D'accord. Je mets quelle adresse pour que les gens te préviennent ?
- Euh... Ne mettez pas d'adresse, ils viendront vous voir au comptoir et me donner rendez-vous. Je viendrais vous demander chaque jour si quelqu'un est passé.
- C'est compris ! Allez, je l'accroche derrière moi et... Tu veux autre chose mon petit ?
- Non... Merci.
- Même pas quatre ou cinq chouquettes ? »
Elle me tend un petit sac qui sent bon le sucre. Je
sors. Je ne sais pas si elle m'a proposé honnêtement les
chouquettes ou si... mais... Elle m'a fait un clin d'oeil !
Il faudrait que je sois plus discret quand je vole, à
l'avenir.
Bon, je vais aussi chez le marchand de fruits et
légumes. Il y a beaucoup plus de monde dans la boutique. Je me
faufile entre les gens qui se servent, et j'arrive à la caisse. Le
marchand, un très vieux monsieur, ne fais pas du tout attention à
moi. Je l'appelle :
« Monsieur ! Eh, oh, Monsieur !
- Euh... Oui ?
- Je voudrais...
- Si tu veux quelque chose, va te servir à l'étalage, puis passe à la caisse, mon bonhomme.
- Mais non ! Monsieur, je voudrais déposer un annonce dans votre magasin. Vous m'écoutez ?
- Oui... oui... Attends, je vais chercher un papier. »
Il disparaît derrière une porte, et revient à petits
pas, un crayon et un carnet à la main.
« Je t'écoute, maintenant, mon bonhomme. Vas-y.
- Eh bien voilà... Euh... C'était quelque chose comme : Garçon de treize ans cherche travail comme domestique dans une maison. Débrouillard et dégourdi.
- Je note !
- Ah, oui, et vous ne mettez pas d'adresse, vous demandez aux gens qui sont intéressés une heure où je peux les retrouver ici. Je viendrai chaque matin.
- D'accord. Allez, au revoir mon bonhomme. Et bonne chance pour ton boulot ! »
Il me sourit de toutes les dents qu'il lui reste et je
pars.
Maintenant, je ne sais plus quoi faire de ma journée...
Pas de maison à aménager ! Nul part où aller.
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