Le voleur, Chapitre 3.
3
C’est ce soir ! Voilà la première chose qui me
vient à l’esprit quand je me réveille. Ce soir…
Je décide de ne pas déjeuner. De toutes façons, je ne
sais pas chez quel marchand aller. Je préfère me préparer pour ce
soir. J’emporterai ma sacoche, c’est évident. Je la mets sur la
table de fortune : des briques et des cartons. Je me demande de
quoi je vais la remplir… Je fourre mon couteau dedans, sans
vraiment m’en rendre compte. C’est mon bras qui décide. Il
faudrait aussi un clou, n’importe lequel. J’en ramasse un par
terre et le met à côté du couteau, dans le sac. Qu’est ce qu’il
me manque ? Oh, je ne sais pas, mais mon ventre gargouille
fort ! Je vais quand même essayer de trouver un petit
casse-croute.
Je me faufile dehors, remets les planches, et marche au
hasard. Bon. Pas le boulanger, pas la pâtissière, pas le marchand
de fruits et légumes. Ah, mais je n’ai même pas fouillé dans le
porte-monnaie que j’ai volé. Voyons… Deux billets et une poignée
de pièces. Pas grand chose, mais je peux m’acheter à manger pour
ce matin et demain. C’est déjà pas mal ! Mais chez qui aller
? La pâtissière, hier, elle ne m’a pas vue, mais j’ai peur que
certains clients me reconnaissent. Donc, je fais quoi ? Ah,
l’épicière. Très bonne idée. J’entre. Le magasin est presque
vide. La dame, toute mince comme moi, me demande :
« Que veux-tu mon petit ? Tu cherches quelque
chose ?
- Euh… Oui, je voudrais de quoi déjeuner.
- Eh bien, il y a des biscuits au gingembre, au citron, au cacao, au sucre, à la cannelle…
- J’en voudrais à la cannelle s’iouplait ! Cinq !
- Tiens, mon petit, voilà pour toi. C’est trois Pennys. Je te les emballe ?
- Non… non ! Tenez, au revoir. »
Je suis bête, j’aurais dû accepter qu’elle les
emballe. Maintenant, je vais devoir les porter et m’en mettre
plein sur les doigts. Je suis trop timide…
Je croque le premier. Miam ! Il est bon ! Un
peu sec, peut-être. Je fourre le reste dans ma sacoche.
*
* *
Il est 21 heures. J’ai rendez-vous bientôt !
Encore une petite, toute petite heure à attendre. Je ne sais pas si
j’ai hâte ou si je redoute un peu d’y aller…
La
dernière fois que j’ai aidé la Bande, je me suis fait un peu
rouler. Ils m’avaient promis 100 £
de bijoux, mais je n’ai pu en prendre que 20. Cette fois, je
protesterai ! Je ne vais pas me faire avoir une deuxième fois !
* * *
Ça
y est, il est 21 heures 30. Le clocher sonne, chez les riches. Je
dois y aller, pour être bien à l’heure à mon rendez-vous. Une
demi heure pour faire un petit bout de chemin, c’est peut-être un
peu beaucoup, mais bon…
Ma sacoche sur mon épaule, un semblant de manteau sur
le dos, et en route !
Il fait déjà complètement nuit. On approche de
l’hiver, ça se voit. Pfff. Je ne sais pas si j’ai bien fait
d’accepter… À cette heure ci, au lieu d’être dehors dans le
froid et le noir, je pourrais être à l’intérieur, avec… Avec
une bougie que j’ai oublié d’acheter ce matin ! Oh, non.
Voilà,
je suis dans le bon quartier. Ça
ne doit pas être très loin. Eh, on me tire encore par le bras !
Mais c’est quoi cette manie !
C’est le même garçon qu’hier.
« Dépêche-toi ! Tu es presque en retard.
- Quoi ! Mais pas du tout, je…
- Chut, tais-toi. On arrive. Le chef t’attend, tiens toi bien. »
Le chef ?! Je vais voir le chef de La Bande ?
Je commence à avoir vraiment peur…
Le voilà. Je commence à regretter sérieusement
d’avoir accepté ce cambriolage. Mais c’est trop tard, je ne peux
plus m’enfuir. Aïe, aïe, aïe !
Le chef est là. Il m’observe. Je ne sais pas quoi
faire.
« Salut,
gamin. Je connais pas ton nom, mais je m’en fous. Merci d’avoir
accepté cette mission. Vous serez six. Deux pour faire le guet,
quatre pour piquer des trucs dans la baraque. T’en piques le plus
possible. Après, on partagera le butin. T’auras le droit d’en
emporter pour 150 £.
Tu…
- On me laissera vraiment prendre pour 150 £ ? Je ne me ferai pas rouler comme la dernière fois ? »
Tout le monde me regarde, comme si j’avais un pot de
chambre sur la tête. Apparemment, interrompre le chef pendant son
discours, c’est quasiment illégal. Le chef n’a pas l’air de le
prendre trop mal, mais il profite de ma faute pour changer de sujet.
« Bouboule, Lefeu, Canon, Pisteuse, Galeux,
allez-y ! Et expliquez au gamin le déroulement de la nuit. »
Les cinq intéressés s’exécutent en vitesse. Celui
dont le nom doit être Bouboule me tire par la manche.
« Grouille-toi ! Le chef est énervé à
cause de toi, alors n’empire pas ton cas.
- J’arrive, c’est bon !
- Bon, intervient un grand roux, je t’explique. Quand on arrive à la barque de riches, Bouboule et Canon se mettent en place, puis Pisteuse rentre la première. Elle vérifie que tout le monde dort, qu’il n’y a pas de chien, puis elle vient nous faire son rapport. Si tout va bien, On rentre tous, Canon, Pisteuse, toi, et moi. Après, on improvise. »
Je ne réponds pas. Lefeu marche plus vite, il me laisse
seul derrière avec Bouboule. J’ai un peu peur de ce qui va
m’arriver, mais j’aime bien l’aventure…
En avant !
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